Josef Nadj - Poussières de soleils

Poussière de soleils

Une pièce de Josef Nadj pour douze interprètes en hommage à Raymond Roussel   

 

Chorégraphie 

Josef Nadj

 

Interprétation

Istvan Bickei, Sylvain Blocquaux, Samuel Dutertre, Peter Gemza, Mathilde Lapostolle, Cécile Loyer, Nasser Martin-Gousset, Josef Nadj, Kathleen Reynolds ou Isabelle Kurzi, Laszlo Rokas, Gyork Joseph Szakonyi, Cécile Thièblemont

 

Assistant à la chorégraphie

Denes Debreï

 

Lumières

Rémi Nicolas

assisté de Christian Halkin

 

Scénographie

Michel Tardif

 

Musiques 

Peter Vogel, The Art Ensemble Chicago, Malachi Favors Maghostut, Tatsu Aoki, Famoudou Don Moye, Conlon Nancarrow, Samm Benett, Kazimierz Serocki

 

Costumes 

Yasco Otomo

assistée de Fabienne Orecchioni

 

Conception et réalisation des masques et accessoires

Jacqueline Bosson

 

Coproduction 

Centre Chorégraphique National d’Orléans, Théâtre National de Bretagne – Rennes, Le Volcan Scène Nationale du Havre, Théâtre de la Ville – Paris, Le Carré Saint-Vincent Scène Nationale d’Orléans

 

Création 

Scène Nationale d’Orléans, 5 octobre 2004

 

Durée 

1 h 25

Cette pièce emprunte son titre à l’une des œuvres dramatiques de Raymond Roussel.

Si, de son vivant, Roussel ne connut pas la gloire à laquelle il aspirait et surtout l’euphorie qui, croyait-il l’accompagne et si depuis sa mort, il est resté un auteur relativement confidentiel, sa vie et son œuvre ont marqué de manière profonde nombre d’artistes et d’écrivains. À commencer par Marcel Duchamp, qui affirmait tout lui devoir mais aussi Georges Bataille, Michel Leiris, Georges Perec ou Michel Foucault.

C’est moins à l’œuvre littéraire qu’à la vie et à l’univers de Raymond Roussel qu’est consacré Poussière de soleils.
À son excentricité et son goût pour le spectacle, en opposition avec sa vie de solitaire, ponctuée de voyages accomplis avec une totale absence de curiosité.

Josef Nadj avoue sa fascination pour le parcours extravagant de ce riche dandy, chanteur amateur, joueur d’échecs, toxicomane, pour la manière dont il fit œuvre de sa vie, tissant des relations entre l’art et la folie, entre l’art et la mort.

A propos de Raymond Roussel

"Roussel se croyait philologue, philosophe et métaphysicien. Mais il reste un grand poète. C'est Roussel qui, fondamentalement, fut responsable de Mon Verre, La Mariée mise à nu par ses célibataires, même. Ce furent ses Impressions d'Afrique qui m'indiquèrent dans ses grandes lignes la démarche à adopter. […] Je vis immédiatement que je pouvais subir l'influence de Roussel. Je pensais qu'en tant que peintre, il valait mieux que je sois influencé par un écrivain […]. Et Roussel me montra le chemin. Ma bibliothèque idéale aurait contenu tous les écrits de Roussel […] Voilà la direction que doit prendre l'art: l'expression intellectuelle, plutôt que l'expression animale. J'en ai assez de l'expression "bête comme un peintre".

Marcel Duchamp

 

 

"Roussel a inventé des machines à langage qui n’ont sans doute, en dehors du procédé, aucun autre secret que le visible et profond rapport que tout langage entretient, dénoue et reprend avec la mort".

"Une seule chose est certaine: le livre «posthume et secret» est l’élément dernier, indispensable au langage de Roussel. En donnant une «solution», il transforme chacun de ses mots en piège possible, c’est-à-dire en piège réel, puisque la seule possibilité qu’il y ait un double fond ouvre pour qui écoute un espace sans repos. Ce qui ne conteste pas l’existence du procédé clef, ni le méticuleux positivisme de Roussel, mais donne à sa révélation une valeur rétrograde et infiniment inquiétante."

Michel Foucault, Raymond Roussel

 

 

RAYMOND ROUSSEL

 

Né le 20 janvier 1877 à Paris, Raymond Roussel a été retrouvé mort au matin du 14 juillet 1933 dans la chambre 224 qu’il occupait depuis plusieurs semaines au Grand Hôtel et des Palmes à Palerme. La police palermitaine a rapidement conclu à une mort « naturelle causée par une intoxication due aux narcotiques et somnifères ». Cependant, la thèse du suicide semble hautement probable. Celui que Michel Leiris décrivait comme «multimillionnaire, écrivain et auteur dramatique, pianiste et chanteur amateur, faiseur d’“imitations”, bon tireur au pistolet, joueur d’échecs […], voyageur, toxicomane», avait tout sacrifié à son unique passion: la littérature. Peu après sa mort, selon les consignes qu’il avait données à son éditeur, paraissait son ultime opus, Comment j’ai écrit certains de mes livres qui, en dépit de la révélation que laisse supposer son titre, obscurcit plus qu’il ne le dévoile le mystère Roussel. Le mystère Roussel: son dandysme (un souci de l’apparence qui touchait à la phobie), son excentricité et son goût pour le spectacle, en opposition avec sa vie solitaire, ponctuée de voyages accomplis avec une totale absence de curiosité (« J’ai beaucoup voyagé. […] Or de tous ces voyages, je n’ai jamais rien tiré pour mes livres. Il m’a paru que la chose méritait d’être signalée tant elle montre clairement que pour moi l’imagination est tout ») ; comme le secret des procédés qu’il a définis et mis en jeu, de manière obsessionnelle, dans l’écriture de ses œuvres romanesques et poétiques.

 

Dans ce livre, Roussel mentionne «une curieuse crise que j’eus à l’âge de 19 ans, alors que j’écrivais La Doublure. Pendant quelques mois j’éprouvai une sensation de gloire universelle d’une intensité extraordinaire». À la suite de l’échec littéraire rencontré par ce premier roman (composé en vers), Roussel déclara avoir eu « l’impression d’être précipité jusqu’à terre du haut d’un prodigieux sommet de gloire ». Faut-il mettre en relation cet échec et ceux qu’allaient connaître ses romans, poèmes et pièces de théâtre ultérieurs, et la frénésie avec laquelle Roussel s’adonna, la dernière année de sa vie, au jeu d’échecs ? En guise de conclusion à Comment j’ai écrit certains de mes livres, Roussel revient sur «le sentiment douloureux que j’éprouvais toujours en voyant mes œuvres se heurter à une incompréhension hostile presque générale. Je ne connus vraiment la sensation du succès que lorsque je chantais en m’accompagnant au piano et surtout par de nombreuses imitations que je faisais d’acteurs ou de personnes quelconques. Mais là, du moins, le succès était énorme et unanime. Et je me réfugie, faute de mieux, dans l’espoir que j’aurai peut-être un peu d’épanouissement posthume à l’endroit de mes livres.»

 

 

Poussière de soleils vu par Muriel Steinmetz

Des poussières de soleils qui piquent... la curiosité

 

Josef Nadj a présenté Poussière de soleils au Théâtre de la Ville. Depuis vingt ans, le chorégraphe, originaire de Voïvodine, enclave hongroise de l'ex-Yougoslavie, confectionne puis manipule ses personnages comme des mannequins d'étoupe vus sous divers angles. Il s'avance masqué, alimente d'images en mouvement son entretien ininterrompu avec des compagnons de route qui ont nom Kafka, Schulz, Büchner, Beckett ou Artaud. Pour sa dernière création, Josef Nadj s'est laissé aimanter par l'univers troué d'énigmes, empli d'objets déplacés, de bizarreries, de distorsions d'écriture, né sous le crâne du milliardaire artiste qui enchanta les surréalistes et n'eut aucun succès de son vivant, Raymond Roussel.

 

La figure clé d'une littérature à part

Longtemps ignoré, redécouvert dans les années soixante-dix grâce à Michel Foucault entre autres, objet de scandale, notamment lors de la réception de son oeuvre Locus Solus (1914), Raymond Roussel est la figure clé d'une littérature à part. D'aucuns vont jusqu'à le comparer à Joyce. Breton l'a défini comme « le plus grand magnétiseur des temps modernes ». « Je l'ai approché, dit Josef Nadj, à travers Marcel Duchamp, un passionné du jeu d'échecs (comme moi), qui le tenait pour son maître. J'ai découvert un génie au talent protéiforme : écrivain, champion de tir au pistolet, inventeur du double vitrage, imitateur hors pair, excellent pianiste. J'ai eu l'envie d'explorer son oeuvre ». Poussière de soleils, reprenant le titre d'une pièce de Raymond Roussel écrite en 1926, se joue au sein d'une maison en bois brut (portes et fenêtres sont vigoureusement emboîtées), flanquée de sa jumelle. Nadj met ainsi habilement en scène, non sans un goût certain pour la menuiserie (dont son père fit profession), le thème du double cher à Raymond Roussel. Son premier texte, composé en vers et publiée à compte d'auteur, ne s'intitulait-il pas La Doublure (1897) ? Il y imaginait un comédien raté, affecté au rôle ingrat de doublure dans un théâtre.

 

Sur la scène, les douze interprètes vaquent au sein des deux demeures, réussissant le tour de force de réfléchir à l'unisson les gestes de leur voisin imaginaire. La pièce fonctionne comme le texte de Roussel en son entier, sans narration suivie, mais truffé d'aphorismes visuels, d'homophonies dans le mouvement, de clins d'oeil à l'auteur sur le mode du collage. Le premier acte met en jeu une danse des masques, un art nègre sur fond de percussions africaines, rappel des Impressions d'Afrique (1910) et de leur pendant les Nouvelles Impressions d'Afrique (1932), écrites par le globe-trotter Roussel, qui y travestit la culture occidentale en plein triomphe du colonialisme. Nadj décide d'emblée de lever le masque sur la biographie de l'auteur. La figure du poète, flanquée de son double, traverse donc l'oeuvre. Une femme qu'on dirait en proie à la démence hante la scène. Elle n'est pas sans rappeler Charlotte Dufrêne, la maîtresse de Raymond Roussel. On sait que Raymond Roussel, né dans une famille de la plus riche bourgeoisie, placé sous la coupe d'une mère autoritaire et excentrique, accablé par ses échecs littéraires, prit pour maîtresse Charlotte Dufrêne afin de mieux dissimuler son inavouable homosexualité.

 

Savante distorsion des perspectives

Elle revient ici comme un petit satellite, tandis que la figure masculine, vêtue d'une chemise blanche lardée de coups de couteau, est épinglée sur une porte comme un papillon. Le décor, mobile, permet une savante distorsion des perspectives. La maison, où chacun se fige pour bouger de plus belle - certains entrent par la fenêtre, d'autres dorment debout ou à cheval sur le chambranle de la porte -, rappelle la cage-glacière de Locus Solus de Roussel, mi-morgue mi-musée Grévin. Cette maison pour pantins à l'échelle humaine s'ouvre en perspectives fuyantes puis se referme. Le jeu d'accommodation visuelle qui en découle mime l'art de Raymond Roussel, lequel révéla ses secrets de fabrication dans Comment j'ai écrit certains de mes livres (1935). La dernière séquence a lieu au coeur d'une unique maison (l'une s'étant refermée sur l'autre), dans laquelle le regard des spectateurs ne peut passer, si bien que l'on assiste en aveugle au coup de revolver fatal. Nadj, cette fois, s'avance au plus près de l'écorce intime de celui dont il entend ressusciter l'existence.

 

Muriel Steinmetz - L’Humanité - 3 mai 2005

Dates passées :

 

26 janvier 2008

Modafe Korea

Séoul (KR)

 

15 mai 2007

La Coursive Scène nationale de la Rochelle

Rochelle (FR)

 

14 avril 2006

Le Parvis

Tarbes (FR)

 

7 mars 2006

Théâtre de Caen

Caen (FR)

 

19-20 mai 2005

Le Volcan

Le Havre (FR)

 

19-26 avril 2005

Théâtre de la Ville

Paris (FR)

 

14 avril 2005

Le Carreau Scène nationale de Forbach

Forbach (FR)

 

7 avril 2005

Comédie de Clermont-Ferrand

Clermont-Ferrand (FR)

 

26 novembre 2004

Bonlieu Scène nationale d’Annecy

Annecy (FR)

 

23 novembre 2004

Comédie de Valence

Valence (FR)

 

12-23 octobre 2004

Théâtre national de Bretagne

Rennes (FR)

 

5-6 octobre 2004

Le carré Saint-Vincent Scène nationale d’Orléans

Orléans (FR)


Josef Nadj - Il n'y a plus de firmament

Il n'y a plus de firmament

Un spectacle en hommage à Balthus et Artaud

 

Chorégraphie 

Josef Nadj

 

Interprétation

Lionel About, Jean Babilée, Guillaume Bertrand, Damien Fournier, Jing Li, Yoshi Oïda puis Josef Nadj, Ali Tahbet

 

Assistante à la chorégraphie

Mariko Aoyama

 

Création sonore

Alain Mahé

 

Lumières

Rémi Nicolas

 

Scénographie

Michel Tardif

 

Décor

Christophe Mureau, Tirésias Mercier

 

Costumes

Esther Zeller

 

Masques

Jacqueline Bosson

 

Sculptures

Catherine Poulain, Michel Racoillet

 

Coproduction 

Théâtre Vidy-Lausanne E.T.E., Théâtre de la Ville – Paris, Berliner Festwochen

 

Création 

Théâtre Vidy-Lausanne E.T.E., mai 2003

À l’automne 2000, j’ai eu l’occasion, avec mon ami poète Otto Tolnaï de rendre visite à Balthus dans son chalet, en Suisse.

 

Nous avons passé un bon moment dans son atelier, où j’ai pu réaliser quelques photos de lui.

Otto Tolnaï posait des questions sur Rilke et René Char, moi, je voulais le questionner sur Artaud, mais comme s’il avait pressenti ma question, en levant les yeux vers le haut, et en souriant, il a commencé à évoquer son plus cher ami :

« Très peu de gens savent qu’il a fait une terrible chute dans un escalier, où il s’est cogné très sérieusement la tête, et que tout son manifeste sur le Théâtre de la cruauté a été écrit après cette chute. »

 

Quelques mois plus tard, peu de temps avant sa mort, je lui ai rendu visite de nouveau avec Michel Archimbaud. Je voulais faire quelques photos de lui avec son chat, mais il était très fatigué déjà, et après le déjeuner il s’est retiré dans sa chambre. Mais en nous quittant, il s’est tourné vers moi et m’a dit : « Josef, n’oublie pas mon ami Artaud, très important…»

En sortant de chez lui, je commençai de photographier la façade de la maison lorsque j’aperçois, sur le paillasson devant la porte, la tête d’un cheval. Je l’ai prise en photo.

 

De retour en France j’ai acheté l’œuvre complète d’Artaud et j’ai commencé à la lire par le 26è et dernier tome. Sur la page 23, je tombe sur cette phrase :

 

« Or moi, Artaud, je me sens cheval et non homme ».

 

Depuis ce moment, comme un fil tendu entre le tableau de Balthus et la poésie d’Artaud, je revisite Rielke, Tsoeing-Tseu, le Japon, l’Italie, l’Irlande… je relie ces espaces comme une araignée, je tisse un labyrinthe dans lequel naît le spectacle…

Il n'y a plus de firmament vu par Muriel Steinmetz

Un jeu d'échecs sous l'œil d'Artaud et de Balthus

 

Josef Nadj présente Il n'y a plus de firmament. Pas de place en effet pour le firmament dans l'espace sans ciel représenté sur scène. On se croirait dans un tableau, d'allure monumentale, avec, à cour et à jardin, un système de panneaux biseautés censés figurer les bordures du cadre. L'ensemble fait référence à l'acte de peindre et pourquoi pas, à Balthus dont Nadj s'inspire, comme il est spécifié dans le fascicule qui accompagne la pièce. Du peintre, il nous semble retrouver ici des marques de fabrique : la primauté du dessin sur la couleur, les géométries rigoureuses des panoramas du Quattrocento, le goût des aplats mats. C'est là un univers propice au songe inquiétant qui se fait jour sur les planches. Jean Babilée, légende vivante, ne serait-ce qu'à cause de son interprétation fulgurante, historique, du Jeune Homme et la Mort, (ce chef-d'ouvre de Roland Petit, sur un livret de Jean Cocteau) s'avance à jardin. D'une main hésitante, il redessine sa silhouette avec un crayon qui en suit les contours. Bref, il se recrée. À moins qu'une énorme main en plâtre, posée sur le plateau, ne le lui dicte.

 

Trois danseurs acrobates vêtus de costumes sombres, de chapeaux - comme toujours chez Nadj - portent à bout de bras le corps d'une femme inanimée. Le personnage, interprété par la jeune artiste chinoise Jing Li, s'éveille sous l'impulsion de leurs gestes. On apprécie la cascade de ses cheveux noirs dénoués, ses jambes aptes à toutes sortes de manipulations. Les trois acrobates campent un personnel maléfique, d'une inquiétante obséquiosité. Yoshi Oïda, acteur japonais cher à Peter Brook, se prend les pieds dans un vélo. Ses tics gestuels ne lui laissent aucun répit. On le dirait cerné par un double qui lui transmettrait son dynamisme par à coups. Tous sont gagnés par l'automatisme du mouvement. Nul ne sait comment le chorégraphe va composer avec ces créatures disparates, aux gestes raides. Inventaire : une chinoise, quatre acrobates (Lionel About, Guillaume Bertrand, Damien Fournier, Ali Thabet) et deux figures quasi mythiques de la danse et du théâtre.

 

La pièce organise des chemins de traverse, des diagonales de sens, comme en une partie d'échecs où chacun est un pion qui se déplacerait lui-même. Perché sur une structure de métal, un autre danseur brusquement bascule, emporté dans une chute d'une infinie lenteur. Sa descente aux enfers (?) demeure inexplicable puisque ni ses jambes, ni ses bras ne tentent de s'accrocher à la tige de métal. Josef Nadj affectionne ce genre d'aberration contrôlée. Il guette l'instant de la métamorphose plus que son résultat. Il chérit ce moment où l'ordre du réel bascule.

 

 Chacun entreprend des actes qu'on dirait quotidiens, avec un goût pour le bricolage à plusieurs, les emboîtements, les manipulations d'objets : mettre une planche entre deux chaises, accrocher un tableau, ouvrir et fermer une porte, déballer des morceaux de statue : une main, un index en plâtre de format considérable. S'agit-il pour les interprètes marionnettes de mettre à jour des " membrae disjectae ", fussent-ils en plâtre ? De reconstituer par fragments le tout ou partie des ruines d'un Dieu ? Ces pions sur l'échiquier cherchent un maître dont on distingue déjà, en fond de scène, le corps gigantesque, doublé d'un autre en craie, à son échelle.

 

Nadj, une fois de plus, met en scène son inconscient. Les objets d'aujourd'hui se doublent de ceux qu'hier, reconnaissables sur scène. Il les assemble avec une logique implacable. Son amour obsessionnel pour les portes et chausse-trappes se rejoue à nouveau. Ce fils d'un artisan charpentier originaire de la Vojvodine a conçu une structure de bois munie d'une porte qui s'ouvre et se ferme sur les danseurs. N'est-ce pas qu'il fait franchir par-là des seuils comme autant de lieux de passage vers un monde autre ?

 

En toute fin de partie, le fond de scène est occupé par deux statues géantes. La voûte céleste - le firmament - est remplie jusqu'à la gueule par ces deux figures envahissantes. Nadj n'évoque-t-il pas la figure d'Antonin Artaud par ces deux figures dans lesquelles il voit la malédiction des origines du père et de la mère donnant lieu à la génération sexuée ? Par rapport aux humains, les deux gigantesques effigies se meuvent harmonieusement et d'un air entendu. Elles opinent du bonnet, clignent de l'œil en direction du public. S'agit-il d'Artaud et de Balthus regardant cela de haut ?

 

La présence de ces doubles, la recherche de ceux qui furent avant nous, trouvent leur résolution " déceptive " dans l'installation sur scène de ces colosses très peu divins. Ce ne sont que des statues, mais elles disent à leur manière le crépuscule des dieux. Il n'y a plus de firmament est un acte désespéré où le plasticien que fut Nadj - n'a-t-il pas suivi des cours aux beaux-arts de Budapest ? - transmet à ses " créatures " son talent d'assembleur. Vivre, exister, avec ou sans ficelle, c'est emboîter des séquences, orchestrer des raccords, rassembler des objets pour donner corps à l'ensemble.

 

Muriel Steinmetz - L'Humanité - 11 Novembre 2003

Il n'y a plus de firmament vu par Mathilde La Bardonnie

De Balthus à Artaud, Nadj dans le bonheur

 

En ombres chinoises, serait-ce des volubilis, là, qui se profilent en entrelacs végétal sur les deux écrans de tissus blancs se rejoignant en obliques, jusqu'à former un vaste portail à moitié clos ? Le peintre Balthus n'a-t-il pas dessiné et colorié des volubilis ? Car c'est en pensant à lui que Josef Nadj a composé Il n'y a plus de firmament, se souvenant d'une visite au maître dans sa demeure en Suisse, peu de temps avant sa disparition. L'artiste, prenant congé de son hôte sur le pas de la porte, lui avait dit, léger, mais non sans gravité : «Josef, n'oublie pas mon ami Artaud.»

 

Du pain et des clous. Du fulgurant poète interné à Rodez, le vieil homme et l'homme jeune venaient de parler. Balthus, probablement, avait rappelé comment, en 1935, il avait conçu pour Artaud les décors des Cenci ; puis combien l'auteur de l'Ombilic des limbes avait défendu sa peinture face aux surréalistes. Rentré chez lui, Nadj, illico, comme on revient à une Bible, avait donc relu le Théâtre de la cruauté, puis toute l'oeuvre, tombant sur cette phrase : «Or moi, Artaud, je me sens cheval et non homme.» Cette pensée-là rappela au chorégraphe le paillasson avec une tête de cheval, devant la porte de Balthus, qui l'avait intrigué. Il l'avait remarqué, tout comme il avait prêté attention à un livre resté ouvert sur une reproduction représentant une fenêtre, une table et... un couteau.

 

Trois années ont passé. Il y a un cheval, dessiné au fusain, dans un cadre qui ne cesse de se décrocher de la cloison de bois devant laquelle, assis à une petite table, deux hom mes envisagent une miche de pain posée sur une serviette blanche. Puis constatent, à vouloir la manger, qu'elle contient des clous. L'image du cheval se descelle encore une fois de son... clou. L'un des deux comparses, en désespoir de cause, retourne le cadre, et apparaît le dessin d'un autre cheval, ailé celui-là. Qui ne bougera plus.

 

Alors Yoshi Oïda, l'acteur japonais cher à Peter Brook, ici noyé dans un ample manteau noir, se rassoit en face de Jean Babilée, silhouette merveil leuse devenue pure et vivace légende dès l'année 1946, juste avant l'ultime conférence d'Artaud au Vieux-Colombier. Jean Babilée, épais cheveux d'argent, profil faisant un peu penser à Alain Cuny, épaules en arrière, torse bombé, démarche comme glissante, est la formidable étoile qui porte le couteau dans le spectacle. Car ainsi tout commence : par l'image du jeune vieil homme de dos, songeant au pouvoir de la lame aiguisée. Tandis que sur un haut portique, un autre, acrobate en noir, attend l'instant de se laisser lentement glisser tête la première. Il remontera plus tard, pour suspendre en cette hauteur un buste transpercé dans le dos par un couteau.

 

L'aimant Jing Li. «Souviens-toi de ton ami Balthus, qui t'avait demandé de te souvenir d'Artaud» n'a dû cesser de se dire à lui-même le compositeur d'images, Nadj .. Mis en très spectaculaire espace, son ballet avec six personnages hommes, aimantés par la fantastique danseuse Jing Li, tient du parcours rêveur. La remémoration est aussi libre qu'énigmatique, aussi grave que légère, voire keatonnienne. Quelques mesures de Mozart ici, des sonorités japonisantes là ; l'érotisme de Balthus est scruté, toute sa «mathématique personnelle» mise en lumière, claire, tendre presque.

 

Viendra un nostalgique pas de deux, où la jeune fille émerge, hiératique, d'un tableau de Piero della Francesca, face au faune qui lui maintient si bien le dos. La même Jing Li, plus loin, seule ou étendue sur des dos solidaires, jouera toutes les distorsions du cou, des épaules, et les regards en biais, et l'aiguë décomposition des gestes des modèles que le peintre savait mettre en porte-à-faux. On ne vous dira pas comment, aussi, les autres danseurs-acrobates de Nadj s'emparent de ces porte-à-faux-là, pour qu'ils tombent si juste.

 

Mathilde La Bardonnie - Libération - 7 novembre 2003

Dates passées :

 

19 octobre – 21 novembre 2004

New Vision Arts Festival

Hong Kong

 

27 janvier 2004

Salle Louis Guiloux de la Passerelle

Saint-Brieuc (FR)

 

4 décembre 2003

Théâtre de Bourg-en-Bresse

Bourg-en-Bresse (FR)

 

6 décembre 2003

Comédie de Valence

Valence (FR)

 

4-15 novembre 2003

Théâtre de la Ville

Paris (FR)

 

9-11 octobre 2003

Théâtre national de Toulouse Midi-Pyrénées

Toulouse (FR)


Josef Nadaj - Journal d'un inconnu

Journal d’un inconnu

Un solo de Josef Nadj d’après son journal et des poèmes d’Otto Tolnai

 

Chorégraphie et interprétation

Josef Nadj

 

Musiques

Percussions d’Ethiopie, “Akira Sakata”, musiques traditionnelles de Hongrie, de Roumanie et du Mexique.

 

Scénographie

Josef Nadj et Rémi Nicolas

 

Lumières

Rémi Nicolas

assisté de Xavier Lazarini

 

Costumes

Bjanka Ursulov

 

Décors

Michel Tardif

 

Peinture des décors

Jacqueline Bosson

 

Conception vidéo

Thierry Thibaudeau

 

Coproduction

Centre Chorégraphique National d’Orléans, Théâtre de la Ville – Paris, Biennale de Venise

 

Création

Biennale de Venise, 6 juin 2002

 

Durée

1 heure

« Je dirais que c’est une histoire très rapprochée, presque intime. Le thème de ce solo-là est le souvenir de mes amis. Peintres et sculpteurs, qui se sont suicidés, à un moment donné – de ma ville natale. Il s’agit de Kanjiža. Ce n’est pas vraiment un journal écrit, c’est le journal de ma mémoire. Et l’inconnu, c’est, ça désigne un peu pour moi la mort. La mort, ce qu’on porte en nous-même, qui est donc ce mystère qui nous interroge, qui nous attend quelque part. Et qui écrit aussi son journal en nous-mêmes à sa façon. »

 

Josef Nadj

"J'ai peur que tu ne fasses une exception pour moi" de Otto Tolnai

Seigneur je t’en supplie ne me sauve pas

ce serait plus viril comme ça

ne me sauve pas

en dépit de mes prières

écolier se repentant de son premier péché mortel

je t’implorerai sans fin

ne me sauve pas

remplirai-je de mes larmes

tous tes récipients

tes dés à coudre bosselés

tes tonneaux énormes

sangloterai-je

dans toutes tes chaussettes noires trouées

seigneur je t’en supplie ne me sauve pas

laisse le rat

cet ouvrier zélé perceur de tunnels

se faire un chemin à travers mon ventre

laisse le loup

enfermé en moi

mâcher bruyamment mon visage

émerveille-toi plutôt de nous voir

plus que tu ne le fus jamais

en voyant des amants épris

Seigneur je t’en supplie ne me sauve pas

entends ma prière débâcle de glace pure

ne me sauve pas

je sais tu n’as jamais sauvé personne

mais j’ai peur que tu ne fasses une exception pour moi

je t’en supplie ne me sauve pas Seigneur je t’en supplie ne me sauve pas.

 

Otto Tolnai, "J'ai peur que tu ne fasses une exception pour moi"

Extrait de Or brûlant, recueil de poèmes traduits du hongrois par L. Gaspard, S. Clair et J. Lackfi

Préface de Josef Nadj

Editions Ibolya Virag, 2001

Journal d'un inconnu, vu par Myriam Bloedé

Il aura fallu quinze ans à Josef Nadj pour aborder la forme du solo et – sans doute parce qu’il s’agit de sa première expérience en la matière –, Journal d’un inconnu est sa pièce la plus introspective, la plus clairement autobiographique.

 

Renouant avec ses premières créations, elle se présente en effet comme une nouvelle évocation de Kanizsa, sa ville natale, puisqu’elle est explicitement composée « d’après » le journal du chorégraphe et des poèmes d’Otto Tolnai – qui en est également originaire. Cependant, à travers leurs écrits respectifs, Journal d’un inconnu rend surtout hommage à trois personnalités de la ville. D’une part, au mythique Laszlo Toth, ce géologue australien natif de Kanizsa qui, en 1972, se rendit célèbre dans le monde entier… pour avoir défiguré la Piéta de Michel-Ange à Rome ; d’autre part, à deux hommes que Nadj a côtoyés et qui, tous deux, se sont donné la mort : Tihamér Dobó, le peintre vagabond, et Antal dit Toni Kovács, l’ancien lutteur devenu sculpteur.

 

Référence manifeste à Nadj lui-même, l’« inconnu » du titre signale, bien sûr, cette part irréductible d’étrangeté à soi-même qui est notre lot commun. Mais il désigne, plus encore, le territoire qu’arpentent, chacun à sa manière, l’iconoclaste, les deux artistes, tout comme Josef Nadj et son ami poète Ottó Tolnai : avec leur part d’inachèvement, de fragilité, avec la place qu’ils tiennent ou devraient tenir dans nos vies, l’art et la création constituent, en effet, la question centrale de Journal d’un inconnu.

 

 

Myriam Bloedé

Journal d'un inconnu, vu par Rosita Boisseau

Il est seul en scène pour la première fois en dix-sept ans de danse. Avec Journal d'un inconnu, le chorégraphe Josef Nadj (né en 1957) se jette à l'eau. Il s'entoure d'un décor comme il les aime. Une palissade en bois, des cadres, une table (celle de son grand-père), une chaise... La scène de Josef Nadj porte en creux son passé. Fils de charpentier, petit-fils de paysan, Josef Nadj dit qu'il "danse sa mémoire". Celle de son village natal de Kanjiza, dans l'ex-Yougoslavie, en est le coeur battant. Dans ce reportage sur son travail, il confie qu'il rend hommage dans ce solo à ces amis, peintres et sculpteurs, qui s'y sont suicidés. Solo de souvenirs, transe de fantômes, de perte et de peur, Journal d'un inconnu dessine aussi en creux l'auto-portrait d'un homme dont l'identité chavirée ne se répare que sur scène.

 

Kanjiza (12 000 habitants) est située en Voïvodine, enclave hongroise de l'ex-Yougoslavie, aujourd'hui située en Serbie. Coupée en deux par le fleuve Tisza, affluent du Danube, elle est la ville que "tout le monde rêve de quitter sans y réussir". Nadj y retourne régulièrement. Il y possède sa bibliothèque. En conteur, il a fait de cette bourgade inconnue un mythe. En 1987, son premier spectacle, Canard Pékinois, créé avec succès au Théâtre de la Bastille, à Paris, racontait les souvenirs d'un gamin qui s'entraînait aux arts martiaux dans un théâtre où une troupe d'acteurs se suicida; Sept peaux de rhinocéros (1988) plonge dans la longue agonie du grand-père du chorégraphe; Les Echelles d'Orphée (1992) saluent les pompiers de Kanjiza, champions du monde des pompiers à Turin en 2011. Sur un autre ton, au croisement de la danse et de la peinture, Les Corbeaux (2009), oiseaux de la sagesse dans le pays de Nadj, évoquent ceux de la region de Kanjiza qu'il a longtemps observés avant de les danser... Cette géographie intime, nourrie par des lectures nombreuses, a trouvé une incarnation unique dans le théâtre dansé de Nadj. Sa formation en mime, au début des années 80 à Paris, puis en danse, a contribué à sculpter sa gestuelle unique d'homme-pantin secoué par ses pulsions.

 

Rosita Boisseau

Dates passées :

 

28-29 mai 2009

MC2

Grenoble (FR)

 

22-23 novembre 2008

La Comédie

Clermont-Ferrand (FR)

 

8-9 novembre 2008

Festival Euro-Scene

Leipzig (DE)

 

9 juin 2008

Bratislava in Movement

Bratislava (SK)

 

27 octobre 2007

Festival internacional de teatro

Quito (ECU)

 

17-18 juillet 2007

Teatro Restori

Cividade des Friuli (IT)

 

20 avril 2007

L’Archipel, Scène Nationale

Guadeloupe (FR)

 

8-9 mars 2007

Théâtre de Nîmes

Nîmes (FR)

 

1-2 mars 2007

Théâtre 140

Bruxelles (BE)

 

3-4 mai 2005

Bonlieu Scène nationale d’Annecy

Annecy (FR)

 

25-26 février 2005

The Tramway

Glasgow (UK)

 

14 janvier 2005

Théâtre le Minotaure

Vendôme (FR)

 

11 janvier 2005

Théâtre Magdalenazaal Cultuurcentrum

Bruges (BE)

 

1-2 décembre 2004

Festival Net Meyerhold Center

Moscou (RU)

 

15-16 avril 2004

Espace des Arts

Châlon-sur-Saône (FR)

 

9 avril 2004

Espace Soutine

Lèves (FR)

 

2-3 avril 2004

Dansens Hus

Stockholm (SE)

 

20 mars 2004

Théâtre Jean-Lurçat Scène nationale d’Aubusson

Aubusson (FR)

 

16-17 mars 2004

Le Trident Scène nationale de Cherbourg

Cherbourg (FR)

 

7 novembre 2003

L’Espal

Le Mans (FR)

 

27-28 septembre 2003

Kaserne

Basel (CH)

 

17 juillet 2003

Impulstanz Vienna International Dance Festival

Vienne (AUT)

 

10-25 janvier 2003

Scène nationale d’Orléans

Orléans (FR)

 

17-21 décembre 2002

Théâtre de la Ville Les Abbesses

Paris (FR)

 

5 novembre 2002

Obrazovna Kulturna Ustanova Cnesa

Kanjiza (SRB)

 

30-31 octobre 2002

Trafo

Budapest (HUN)

 

6 juin 2002

Biennale de Venise, Teatro Piccolo Arsenale

Venise (IT)


Josef Nadj - Les miniatures

Les Miniatures

Parallèlement à son spectacle Les Philosophes inspiré de la vie et de l’oeuvre de Bruno Schulz, Josef Nadj a réalisé ces Miniatures. 55 dessins à l’encre de chine dont chacun peut être considéré comme un « instantané », un arrêt sur image.

 

Les dessins de Josef Nadj, sont tous d’un format de 6 x 8 cm, probablement pour se rapprocher du format initial sur lequel Josef Nadj a débuté ses premières esquisses : du papier à cigarettes.

Faciles à transporter dans une poche, ces dessins pourraient faire penser à son journal intime dans lequel Josef Nadj écrirait à la plume. Dans leur facture, on y retrouve la même minutie que dans l’élaboration de ses chorégraphies, la même constance, la même composition.

 

Ces dessins, tels des petites fenêtres ouvertes sur un imaginaire qui nous transporte d’un univers à un autre, ou nul repos n’est possible, ou chaque être (animal ou humain) peut cacher sous une table, sur lui, ou derrière un mur, une autre réalité.

Les miniatures vu par Myriam Blœdé

« Les dessins associés aux Philosophes sont, comme souvent chez Nadj, des miniatures à l'encre de Chine. Chacun peut être considéré comme un "instantané", un arrêt sur image. Au trait ou au point, le dessin est d'une extrême précision d'une extrême minutie, et compose des des natures mortes ou des scènes avec figures, souvent statiques, caractérisées par une multitudes de détails: veines d'un parquet en bois, dissolution ou esquisse des traits d'un visage, amas de poussière.

 

Ce travail de détail est l'une des spécificités de Josef Nadj dans ses oeuvres plastiques et scéniques - ce qui souligne encore la parfaite continuité entre les deux pans de sa création. Il produit un effet de saturation qui joue comme un voile, dissimulant peut-être le sujet ou l'objet principal de la composition, et introduit du trouble, du secret, tout en sollicitant l'attention.

 

[...] Dans cette série, on peut repérer un certain nombre de motifs et de sujets propres au chorégraphe - le bois comme matière "noble", vivante ; la notion d'exploit (physique) ; le thème du miroir ou le paradoxe de Zénon -, mais aussi de ceux qui le relient à Bruno Schulz - la puissance de la matière, sa capacité de prolifération ; le livre comme monde en soi ; le rapport au père, aux pères ; l'animalité dans l'homme ou encore le temps comme espace discontinu. »

 

Myriam Blœdé

Expositions passées :

 

2-26 novembre 2016

Médiathèque d’Orléans

Orléans (FR)

 

28 avril – 24 mai 2004

Institut hongrois à Paris

Paris (FR)

 

8-28 mars 2003

Le Volcan Scène nationale du Havre

Havre (FR)

 

20 septembre – 20 octobre 2002

Stadsschouwburg

Bruges (BE)

 

17 avril – 18 Mai 2002

Galerie Le Lys

Paris (FR)

 

8 janvier – 8 février 2002

Centre culturel Jean Gagnant

Limoges (FR)


Josef Nadj - Les philosophes

Les Philosophes

Spectacle de Josef Nadj pour 5 interprètes et 3 musiciens inspiré de l’œuvre de Bruno Schulz

 

Chorégraphie, conception, réalisation et mise en espace de l’exposition

Josef Nadj

 

Interprétation

Istvan Bickei, Ivan Fatjo, Eric Fessenmeyer, Peter Gemza, Josef Nadj

 

Lumières

Rémi Nicolas

assisté de  Christian Halkin

 

Musique originale

Szilárd Mezei

 

Interprétée par

Szilárd Mezei (violon et contrebasse), Albert Márkos (violoncelle), Tamás Geröly (percussion)

 

Scénographie

Michel Tardif

assisté de François Bancilhon

 

Peinture des décors 

Jacqueline Bosson

 

Participation

Martin Zimmermann pour le film

 

Coproduction

Centre Chorégraphique National d’Orléans, Festival de Danse de Cannes, Bruges Capitale Culturelle Européenne 2002

 

Création

Festival de Danse de Cannes, 5 décembre 2001

 

Durée

1 heure 50 minutes

 

Prix

Ce spectacle a reçu le grand prix de la critique 2001-2002 – Palmarès danse par le Syndicat professionnel de la critique de théâtre, de musique et de danse

Les Philosophes de Josef Nadj se fonde sur l’univers, la vie et l’œuvre, de Bruno Schulz.

 

 

LES « PHILOSOPHES »

Ce pourrait être un banquet platonicien. Ils sont cinq, c’est-à-dire quatre, réunis autour d’une figure centrale – détenteur de la connaissance, expérience, vérité ou loi -, figure du maître, figure du père. Ils sont cinq, quatre et un philosophes, tendus par un même désir, une même intention qui est quête du sens et de l’origine, quête d’un sens qui passe par le retour à l’origine. Et ils cherchent, «s’interrogent».

Philosophes-arpenteurs, essentialistes, exégètes du monde, explorateurs de la nature et expérimentateurs de la matière, alchimistes, bricoleurs, il ne leur manque que la parole… Aussi, c’est dans la pratique, dans le mouvement et l’action que s’opère leur quête.

Faire (aller, observer, agir) et comprendre – «métaphoriques», l’errance et les actes des «philosophes», bien que dénués de signification apparente, sont au contraire combles d’un sens qui les dépasse et qu’il leur faut retrouver.

 

 

CINQ HOMMES ENTRE EUX

Prégnance de la figure paternelle dans l’œuvre de Schulz. Dans Les Philosophes, c’est à la fois la question de la confrontation de l’homme à lui-même, à sa propre masculinité, et celle du rapport au père qui est ici abordée.

Comment échapper à la loi du père, comment la contourner pour devenir père soi-même et accéder sans médiation au Père originel ? Comment échapper au fatum, à la détermination de la succession linéaire du temps et des générations ?

Les Philosophes vu par Myriam Blœdé

Selon des voies et sous des couleurs à chaque fois différentes, la question de l'origine et de son mystère traverse toute l'œuvre de Josef Nadj. Dans Les Philosophes, elle fait l'objet d'une quête menée par cinq hommes – quatre fils, apprentis ou disciples, réunis autour de la figure tutélaire d'un Père ou d'un Maître.

 

 

Cependant, pour spirituelle que soit cette quête, c'est de « philosophie pratique » dont il s'agit ici : les expériences auxquelles se livrent nos cinq philosophes portent en effet sur des matériaux concrets, quand ce n'est pas sur la Nature elle-même. Et elles relèvent davantage du faire que de quelque spéculation intellectuelle. Ce sont, entre autres épreuves ou rituels drolatiques et mystérieux, l'exploration d'un champ d'herbes hautes, l'arpentage d'une clairière détrempée par la pluie, le sondage d'un étang, l'observation de la trace laissée par la bave d'un escargot géant, la scrutation de l'iris d'un hibou grand-duc posté derrière une porte en pleine forêt, l'analyse d'un lambeau d'image sur le mur d'une maison en ruines, la transmutation d'une flaque d'eau en tétraèdre de glace, l'écoute du vent, d'une musique au loin ou du bercement produit par l'affolement d'une mouche hypertrophique derrière un carreau… Ce sont une oraison funèbre, des empilements de rocs ou de branchages, des corps à corps avec ou sans arbitre, l'animation de chapeaux dans un grenier encombré, l'essayage de masques de toute sorte, la fabrication délicate d'un petit mannequin de bois et de charpie, ou encore l'embouchure synchrone de quatre clairons muets…

 

 

Dédiés à l'artiste et écrivain juif polonais Bruno Schulz (Drohobycz, Galicie, 1892-1942) et inspirés par son univers, ces Philosophes se déroulent dans trois espaces-temps distincts, et recourent, dans chacun, à trois média différents : une exposition de tableaux, une projection filmique, enfin une performance scénique qui a lieu au cœur d'un dispositif concentrique où le spectateur est progressivement entraîné.

 

 

Myriam Blœdé

A propos de Bruno Schultz

Né à Drohobycz (Galicie) en 1892, Bruno Schulz a vécu toute sa vie dans sa ville natale où il enseignait le dessin. Enfermé dans le ghetto de Drohobycz, il est tué le 19 novembre 1942, d'une balle dans la nuque, tiré par un soldat S.S.

 

D'abord peintre, graveur, dessinateur, c'est par la littérature que Schulz accède, de son vivant, à la reconnaissance : il obtient, en 1938, le Laurier d'or de l'Académie polonaise de littérature pour deux recueils de récit, Les Boutiques de cannelle (1934) et Le Sanatorium au croque-mort (1937). Outre des deux volumes, ne subsiste aujourd'hui qu'une partie de l'oeuvre de cet auteur prolifique (correspondance, essais critiques et oeuvres de fiction), considéré comme l'un des écrivains majeurs du XXe siècle. Nombre de ses écrits ont été perdus, détruits, dispersés, dans la tourmente de la Deuxième Guerre mondiale.

 

 

Extraits

 

« Le mot n'est plus aujourd'hui qu'un fragment, un rudiment d'une ancienne et intégrale mythologie.

(...) il tend vers des milliers de combinaisons; tels les morceaux écartelés du serpent légendaire qui se cherchaient dans les ténèbres. (...) dès que le mot libéré de la contrainte est laissé à lui-même et rétabli dans ses propres lois, il se produit en lui une régression : il tend alors à se compléter, à retrouver ses liens anciens, son sens, son état primordial dans la patrie originelle des mots – et c'est alors que naît la poésie.

La poésie, ce sont des courts-circuits de sens qui se produisent entre les mots, c'est un brusque jaillissement des mythes primitifs. »

Bruno Schulz, "La mythification de la réalité", Les Boutiques de cannelle

 

 « Une des particularités de mon existence est que je me nourris de métaphores, que je me laisse très facilement entraîner par la première métaphore venue. M’étant ainsi trop avancé, je dois me rappeler en arrière, reprendre lentement, difficilement mes esprits. »

Bruno Schulz, "La solitude", Le Sanatorium au croque-mort

 

 « Le Livre… Jadis, au petit matin de mon enfance, à la première aube de ma vie, sa douce lumière éclairait l’horizon. Il reposait glorieux sur le bureau de mon père qui, plongé en lui, frottait en silence, patiemment, d’un doigt humecté de salive le dos des feuilles jusqu’à ce que le papier aveugle s’embrumât, se brouillât, réveillât le troublant pressentiment (…).

Parfois mon père se détachait du Livre et s’éloignait. Je restais seul, alors le vent traversait les pages et les images se levaient.

(…) C’était il y a très longtemps. A cette époque ma mère n’était pas encore là. Je passais mes journées seul avec mon père, dans notre chambre grande comme le monde. »

Bruno Schulz, « Le Livre », Le Sanatorium au croque-mort

 

 « Les faits ordinaires sont alignés dans le temps, enfilés sur son cours comme des perles. Ils ont leurs antécédents et leurs conséquences, qui se poussent en foule, se talonnent sans cesse et sans intervalle.

Mais que faire des événements qui n’ont pas leur place définie dans le temps, des événements arrivés trop tard (…) et qui restent sur le carreau, non rangés, suspendus en l’air, sans abri, égarés ?

Le temps serait-il trop exigu pour contenir tout ce qui se passe ? Peut-il arriver que toutes les places du temps soient prises ? Préoccupés, nous courons le long de tout ce train d’événements, nous apprêtant au voyage. »

Bruno Schulz, « L’époque du génie », Le Sanatorium au croque-mort

 

 « Nos créatures (…) auront des rôles courts, lapidaires, des caractères sans profondeur. C’est souvent pour un seul geste, pour une seule parole, que nous prendrons la peine de les appeler à la vie. (…) nous ne mettrons pas l’accent sur la durée ou la solidité de l’exécution, et nos créatures seront comme provisoires, faites pour ne servir qu’une seule fois. »

Bruno Schulz, « Traité des mannequins ou le seconde Genèse », Les Boutiques de cannelle

 

 « L’esprit de la nature est au fond un grand conteur. C’est lui qui est la source des fables, des romans et des épopées. (…) Il suffisait de tendre ses filets sous le ciel chargé de fantômes, de ficher en terre un mât que le vent faisait chanter, et bientôt autour de son sommet des lambeaux de romans pris au piège battraient des ailes.

Nous avions décidé (…) de créer un nouveau principe de vie, de recommencer le monde (…).

Ce devait être une citadelle, une place fortifiée dominant la région, à la fois rempart, théâtre et laboratoire de visions. La nature tout entière devait être attirée dans son orbite. Comme chez Shakespeare, le théâtre se confondait avec la nature dont rien ne le séparait, il était enraciné dans la réalité, ses éléments lui donnaient impulsions et inspirations, son rythme était celui de la marée basse et de la marée haute des circuits naturels. »

Bruno Schulz, « La république des rêves », Les Boutiques de cannelle

 

 « Tout déborde ses propres limites, dure un instant sous une forme donnée pour l’abandonner à la première occasion. Dans les mœurs, les comportements de cette réalité, apparaît un principe, celui d’une mascarade universelle. La réalité prend certaines formes uniquement par jeu. Quelqu’un est homme, quelqu’un d’autre cafard, mais aucune de ces formes n’atteint l’essence, elles ne sont qu’un rôle momentanément adopté, une peau qui sera bientôt rejetée. On pose ici le monisme de la matière pour laquelle les objets ne sont que des masques. La vie de la matière consiste à user une quantité infinie de masques, et l’essentiel de la vie, c’est cette circulation des formes. C’est pourquoi la matière dégage une aura d’ironie universelle : c’est l’atmosphère des coulisses où les acteurs débarrassés de leurs costumes rient aux larmes de leurs rôles pathétiques ou tragiques. »

Bruno Schulz, "Lettre à S.I. Witkiewicz", Correspondance et essais critiques

Dates passées :

 

14-16 mai 2009

MC2

Grenoble (FR)

 

3-6 novembre 2007

Uniter

Bucarest (RO)

 

28-30 octobre 2006

Teatr Dramatyczny

Varsovie (PL)

 

28 mars – 7 avril 2006

Lapostrophe

Gonesse (FR)

 

4-8 octobre 2005

Dance Umbrella

Londres (UK)

 

11-19 juin 2004

Le Lieu Unique

Nantes (FR)

 

1-5 juin 2004

Le Volcan

Le Havre (FR)

 

19-23 mai 2004

ATER, Teatro La cavallerizza

Reggio Emilia (IT)

 

16-18 septembre 2003

Bitef Theatre

Belgrade (RS)

 

19 mai – 7 juin 2003

Théâtre de la Ville

Paris (FR)

 

10-25 octobre 2002

Scène Nationale d’Orléans

Orléans (FR)

 

24-28 septembre 2002

Concertgebouw

Bruges (FR)

 

6-24 juillet 2002

Festival d’Avignon, Château Blanc

Avignon (FR)

 

5-7 décembre 2001

Palais des Festivals

Cannes (FR)


Josef Nadj - Petit psaume du matin

Petit psaume du matin

Chorégraphie

Josef Nadj

 

Interprétation

Dominique Mercy, Josef Nadj

 

Musique

Musiques traditionnelles du Cambodge, Macédoine, Roumanie, Egypte, Hongrie, Michel Montanaro : extrait de Maria, Igor Stravinsky Tango – Editions Alphonse Leduc et Compagnie

 

Lumières

Rémi Nicolas

assisté de Xavier Lazarini

 

Costumes

Bjanka Ursulov

 

Coproduction

Centre chorégraphique national d’Orléans, Biennale de Venise, Théâtre de la Ville – Paris

 

Création

Biennale de Venise, 28 septembre 2001

Une partie de ce spectacle a été créée au Festival d’Avignon 1999 dans le cadre du Vif du Sujet – Société des Auteurs Compositeurs Dramatiques (SACD)

 

Soutien

Ce spectacle a reçu le soutien combiné de la Résidence Sainte-Cécile, Orléans et de la Société générale pour sa reprise en 2015

 

Durée

1h

 

Prix

Grand prix de la critique 2001- 2002 Palmarès danse par le Syndicat professionnel de la critique de théâtre, de musique et de danse.

« Mon esprit pense à mon esprit.
Mon histoire m’est étrangère.
Mon nom m’étonne et mon corps est idée.
Ce que je fus est avec tous les autres.
Et je ne suis même pas ce que je vais être. »


Paul Valéry

 

Pièce intimiste, empreinte de douceur et de connivence, Petit psaume du matin porte la trace des circonstances qui ont entouré sa création. Projetée d’abord comme un solo, cette pièce est, en effet, le fruit d’une commande passée à Josef Nadj par Dominique Mercy, danseur d’exception et compagnon de route de Pina Bausch. Mais, au cours des répétitions, Nadj a très tôt éprouvé le désir de sortir du strict rôle de chorégraphe qui lui était imparti pour danser aux côtés de son « commanditaire »… Et c’est ainsi que le solo initial est devenu duo.

 

Né de la confrontation entre les deux hommes, nourri par le dialogue qui s’est instauré entre eux, Petit psaume du matin traite précisément de la figure du double et de l’expérience du partage. Y sont évoqués les ressemblances, les possibles points d’identification entre Dominique Mercy et Josef Nadj – leurs expériences de danseur, leurs goûts communs pour le voyage ou le théâtre oriental, par exemple. Mais, plus encore, ce qui fonde leur relation : leur complémentarité – manifeste dans la physicalité de chacun et dans leur manière respective de danser, fluide et aérienne pour l’un, plus terrienne, enracinée pour l’autre – et leur intelligence réciproque, cette capacité à s’entendre et à échanger au-delà de ce qui les différencie – compréhension mise en jeu dans un étonnant dialogue en vingt-quatre langues.

 

Hymne à l’amitié et récit d’une rencontre, d’une amitié naissante, ce duo aborde enfin la question de la maîtrise acquise par la pratique, mais aussi, du même coup, le vieillissement du corps du danseur. En ce sens, Petit psaume du matin est une pièce de la maturité.

 

Myriam Bloedé

Petit Psaume du Matin vu par Jean-Marc Adolphe

Lorsque Dominique Mercy, danseur fétiche de Pina Bausch, passe commande à Josef Nadj de Petit psaume du matin, la pièce est tout d’abord envisagée comme un solo. Mais les circonstances de la rencontre en décideront autrement. Nadj devine dans la relation naissante les contours d’une connivence à explorer sans attendre. Le solo devient donc duo, comme une évidence. Grands voyageurs - chacun de son côté mais pas chacun pour soi -, les deux hommes se fraient, chemin faisant, une virée commune qui abolit les frontières sur l’espace du plateau. Alors que la musique s’achemine d’Europe de l’Est au Cambodge en passant par l’Egypte, le temps défile, des premiers jours d’une vie partagée aux derniers instants. Aussi complémentaires que dissemblables, Nadj et Mercy envisagent ce qui les distinguent et ce qui les relie comme le font tous ceux qui veulent apprendre à se découvrir – un processus d’apprentissage qu’ils traversent en une série de rituels mystérieux, toujours empreints d’une infinie douceur. Josef Nadj : “Il s’agit de prendre l’être même de l’autre comme un trésor fragile et précieux, qu’il faut protéger.” 

 

Des pèlerins enchanteurs, bourlingueurs d’espaces imaginaires.

L’un et l’autre sont des pèlerins enchanteurs, bourlingueurs d’espaces imaginaires, compagnons du tour des rêves, artisans des chansons de gestes. Ils colportent sur scène la fable sans cesse recommencée d’une humanité espiègle qui ne saurait habiter ce monde sans continuer à en nourrir la sève poétique. Un jour, les chemins de ces deux voyageurs d’intensités viennent à se croiser. Leur lieu de rendez-vous ne pouvait être mieux nommé : Au Vif du Sujet. Sous cet intitulé, Festival d’Avignon et SACD proposent à des danseurs de choisir un(e) chorégraphe pour leur composer une chorégraphie en solo. C’est ainsi que Dominique Mercy et Josef Nadj en sont venus à faire halte commune, prêts à l’échange plutôt qu’à la confrontation, mûrs pour donner corps à la rencontre curieuse de leurs nomadismes respectifs.

Comment les qualifier ? Josef Nadj est un fabricant de lanternes magiques, un architecte des fantasmagories, un chaman d’images. Depuis un Canard pékinois de fameuse saveur, il redistribue les fantômes de son enfance slavo-hongroise dans la veine malicieusement burlesque d’un théâtre insomniaque.

Dominique Mercy, lui est un feu follet, un lutin mélancolique, à la fois clown lyrique et tragédien au coeur d’enfant. Dans la moisson de spectacles qu’offre Pina Bausch depuis ses débuts au Tanztheater de Wuppertal, il est l’épi de blé qui tient le sol, saison après saison.

 

La “commande” initiale d’un solo a vite pris la tournure d’un duo.

Dominique Mercy et Josef Nadj avaient sans doute suffisamment d’estime réciproque pour ne pas avoir à s’épater l’un l’autre. Et au bonheur de cette rencontre, la “commande” initiale d’un solo a vite pris la tournure d’un duo. En essayant, ensemble, quelques propositions de mouvement dans le studio de répétition, l’échange en lui-même est devenu le coeur de cette démarche de création.

Souvenirs de voyages, comme autant de carnets de route dont les pages se compléteraient ; attrait commun pour certaines cultures et pour des formes de spectacles qui en sont le reflet : dans l’espace de leur rencontre, Josef Nadj et Dominique Mercy ont fait graviter la proximité éprouvée dans un art du lointain. Le corps est le bagage du danseur. Là sont déposées des sensations, des saveurs, des architectures secrètes. Qui d’autre saurait trouver, dans la mémoire vive des gestes et des attitudes, d’étranges affinités avec des figures mi-humaines, mi-animales issues de dessins celtiques, avec des postures de lutte puisées dans des gravures d’ancienne Egypte, ou encore avec la grâce d’un acteur de kabuki ? Quelle est donc la réalité des frontières ? La fable n’abolit pas les distances, elle en joue élastiquement. Josef Nadj et Dominique Mercy peuvent alors inventer leur propre kabuki, retrouver avec un simple voile l’essence du théâtre masqué, découvrir des jambes colorées comme dans un mystérieux rituel initiatique, se demander “comment ça va” dans une vingtaine de langues différentes et, navigant aussi librement dans l’espace du monde, composer une cosmogonie errante. S’ils semblent, à certains moments, danser isolément dans le rêve de l’autre, c’est pour mieux reprendre le voyage de l’échange, une fois délesté des archétypes qui ont jusqu’à ce jour façonné leur danse.

Leur duo s’appelle Petit psaume du matin. Du jour qui se lève, il a la fraîcheur et la tendre clarté.

Du recueillement de la prière, il a la sérénité dépouillée.

Frères de danse, Josef Nadj, Dominique Mercy, l’un avec l’autre s’épousent dans l’équilibre d’appuis qui se transforment parfois en “portés” d’une très grande délicatesse. “Il s’agit, précise Josef Nadj, de prendre l’être même de l’autre comme un trésor fragile et précieux, qu’il faut protéger. C’est un signe d’extrême attention par rapport à cet engagement d’aller vers l’autre.”

 

Jean-Marc Adolphe

Disponible en tournée

 


Dates passées :

 

21 mai 2017

Théâtre Yihai, Festival Croisements

Shanghai (CN)

 

26, 27 mai 2017

Grand Théâtre, Festival Croisements

Harbin (CN)

 

29, 30 mai 2017

Grand Théâtre, Festival Croisements

Tianjin (CN)

 

18-23 juillet 2016

Festival Paris Quartier d’été

Paris (FR)

 

24-25 novembre 2015

Scène Nationale d’Orléans

Orléans (FR)

 

15 décembre 2008

CDC La termitière

Ouagadougou (BF)

 

17 septembre 2008

Festival Biarritz culture

Biarritz (FR)

 

26-27juin 2008

Festival Damascus 2008

Damas (SY)

 

23-24 novembre 2007

CCN de Roubaix

Roubaix (FR)

 

4 août 2007

Xe Encuentro International de Teatro Del Cuerpo

Léon (MEX)

 

1er aout 2007

Xe Encuentro International de Teatro Del Cuerpo

Mexico DF (MEX)

 

27 juillet 2007

Xe Encuentro International de Teatro Del Cuerpo

Pachuca (MEX)

 

11 mai 2007

Théâtre d’Arles

Arles (FR)

 

17 avril 2007

Dionysos Théâtre de Cahors

Cahors (FR)

 

12 avril 2007

Théâtre d’Angoulême

Angoulême (FR)

 

30 mars 2007

Teatro Viriato Viseu

Viseu (PT)

 

28 mars 2007

Quarta Parede

Guarda (PT)

 

23-24 mars 2007

Centro Cultural de Belem

Lisbonne (PT)

 

21 mars 2007

Centre Coreografico de Montemar-O-Novo

Evora (PT)

 

14-15 mars 2007

Scène nationale de Poitiers

Poitiers (FR)

 

3-4 juin 2006

Peireos 260

Athènes (GR)

 

11 octobre 2005

Festival de Otono

Madrid (ES)

 

12 avril 2005

Espace Albert Camus

Lyon (FR)

 

5-6 avril 2005

Comédie de Clermont-Ferrand

Clermont-Ferrand (FR)

 

4-5 mars 2005

Künstlerhaus Mousonturm

Frankfurt (DE)

 

18 janvier 2005

Le Phoenix Théâtre de Valenciennes

Valenciennes (FR)

 

5-7 janvier 2005

Théâtre de Nîmes

Nîmes (FR)

 

27 octobre 2004

ATER Teatro DUE

Parme (IT)

 

17-18 février 2004

Théâtre 2140

Bruxelles (BE)

 

26-28 mars 2003

Théâtre Garonne

Toulouse (FR)

 

18-22 mars 2003

Le Volcan

Le Havre (FR)

 

14-15 mars 2003

CNCDC

Châteauvallon (FR)

 

11 mars 2003

Halle aux Grains

Blois (FR)

 

8 mars 2003

Art Danse Bourgogne

Beaune (FR)

 

1er mars 2003

Danse à Lille, Théâtre du Nord

Lille (FR)

 

25-26 février 2003

Pôle Sud, Théâtre de Strasbourg

Strasbourg (FR)

 

19-21 février 2003

Maison de la Culture de Loire-Atlantique

Nantes (FR)

 

15 février 2003

Teo Otto Theater der Stadt

Remscheid (DE)

 

11-12 février 2003

Hebbel Theater

Berlin (DE)

 

7-10 mai 2002

De Singel International Kunstcentrum

Anvers (BE)

 

7-13 janvier 2002

Scène Nationale d’Orléans

Orléans (FR)

 

18-30 décembre 2001

Théâtre de la Ville, Les Abbesses

Paris (FR)

 

22 octobre 2001

Tanztheater Wuppertal Opernhaus

Wuppertal (DE)

 

28-30 septembre 2001

Biennale de Venise, Teatro Piccolo Arsenale

Venise (IT)

 

22-30 Juillet 1999

Festival d’Avignon, Vif du sujet

Avignon (FR)


Josef Nadj - Le temps du repli

Le Temps du repli

Chorégraphie 

Josef Nadj

 

Interprétation

Josef Nadj et Cécile Thiéblemont

 

Musique

Vladimir Tarasov

 

Lumières

Raymond Blot

 

Costumes

Bjanka Ursulov

 

Production 

Centre Chorégraphique National d’Orléans

 

Avec le soutien du

Carré Saint-Vincent, Scène nationale d’Orléans

 

Création 

Scène nationale d’Orléans, 26 novembre 1999

 

Durée 

1 h

 

Aimer c’est peut-être apprendre à marcher dans ce monde.

Apprendre à nous tenir tranquilles comme le chêne et le tilleul de la fable.

Apprendre à regarder.

Ton regard est comme un semeur.

Il a planté un arbre.

Je parle parce que tu fais trembler les feuilles.”

 

Octavio Paz

 

Premier duo chorégraphié par Josef Nadj pour Cécile Thiéblemont et lui-même, Le Temps du repli délaisse la littérature sur laquelle se fondaient toutes les créations précédentes pour s’aventurer sur un territoire beaucoup plus intime, celui des relations entre un homme et une femme. Portant sur l’amour, sa plénitude, et ses tourments surtout, la pièce forme un diptyque avec un autre duo créé la même année : Petit psaume du matin, qui traite pour sa part de l’amitié entre hommes. Pour Nadj en effet, entre deux hommes le dialogue peut immédiatement s’engager, alors qu’«avec la femme, toutes les questions simples sont à reposer».

 

«Le couple contient la potentialité de tous les drames parce qu’il est porteur d’une culpabilité originelle : quelque chose s’est brisé dans le couple primordial de la Genèse». Ainsi, Le Temps du repli se fait l’écho d’«une langue archaïque, cette langue oubliée à travers laquelle l’homme et la femme parlaient autrefois». En laissant surgir de leur mémoire des bribes de ce langage sans toujours le comprendre eux-mêmes, l’homme et la femme vont d’abord apprendre à se regarder, à se comprendre l’un l’autre, puis tenter de «recoller les morceaux», de reconstruire leur rapport, comme possibilité.

Le Temps du repli, vu par Marie-Christine Vernay

Sa création, Le Temps du repli, présentée actuellement à Orléans ­ visible en février à Paris, au théâtre de la Bastille ­, évite toute référence littéraire, contrairement aux trois spectacles précédents. Josef Nadj a replié les battants de sa baraque sur le duo, histoire de mettre provisoirement à distance le propos scénique et la mise en scène ­ ils occupent une grande place dans ses pièces ­, pour se concentrer sur la danse, la circulation du mouvement entre deux corps.

 

Souvent chez Nadj, les éléments du décor ont fonction d'accessoires, presque de partenaires. Ici, si parfois une danse est juchée sur la table, si les corps reposent en tension sur les deux chaises, ils gardent une utilisation quasi quotidienne. Par exemple, les appuis des danseurs n'en sont pas transformés, ils sont la plupart du temps au sol ou d'un corps à l'autre dans l'équilibre ou le transfert des poids.

 

Le couple n'est pas fusionnel. Josef Nadj et Cécile Thiéblemont évoluent d'une manière autonome, comme la danse par rapport aux percussions de Vladimir Tarasov. Le duo échappe au pas de deux harmonieux, aux furieux élans de certains duos contemporains, à bout de souffle. Constamment sur scène, les interprètes ont à gérer le temps qui leur est compté (une heure de spectacle). Leur rapport est fluctuant: absence de l'un à l'autre, corps à corps comme prise de bec, danse à deux comme une vieille danse de salon" Ce qui les sauve du repli annoncé dans le titre, c'est qu'ils n'ont rien à se dire, rien à dire non plus, en tout cas rien d'exceptionnel, qui ne relève du drame originel. Ils ne font que fonctionner, relayés parfois par le musicien qui a le sens de l'improvisation. Et dès que l'histoire pourrait commencer, ils s'en débarrassent, la reportant sur deux petits personnages dessinés à la craie au tableau, sur un jeune quartier-maître mourant la tête fracassée sur un bateau sans revoir sa blonde et, surtout, sur deux poupées (leur double) qu'ils promènent tout d'abord dans leur dos, puis au bout d'un bâton. Le Temps du repli est une danse pour deux, intime et ouverte sur la musique et l'espace.

 

Marie-Christine Vernay – Libération – 30 novembre 1999

Le Temps du repli, vu dans Le Monde

« Vu par le chorégraphe Josef Nadj, le couple est un jeu merveilleux. Jeu de fine stratégie où les deux partenaires mettent en œuvre toutes les ressources de leur imagination pour renouveler les figures de l’amour, débusquer l’autre dans ses retranchements et arracher à la routine une chance d’avenir. Fût-il tragique. Mais la bagatelle en vaut la chandelle, jubilatoire dans ses plus infimes détails. Les yeux dans les yeux et pied à pied, ce pas de deux, le premier conçu par Nadj en dix ans de travail, s’intitule Le Temps du Repli. Interprété par Cécile Thiéblemont et Josef Nadj lui-même, il est accompagné par le percussionniste Vladimir Tarasov, dont le talent subtil ajoute au piment du duo.

 

Dans ce repli, il n’est pas question de répit mais d’une lutte permanente où l’homme et la femme tentent d’échapper à la malédiction qui plombe le couple. Contre l’asservissement, la condamnation de l’un par l’autre, ils tentent de bâtir une relation d’égal à égal, semant sous leurs pas mille et un défis qu’ils relèvent au quart de tour dans l’humour. Sonore, gestuelle, plastique, musicale, l’invention de ce Temps du Repli ne tarit pas pendant une heure de spectacle. »

 

Le Monde – Février 2000

Dates passées :

 

21 novembre 2005

Alliance Française de Bangalore

Bangalore (IN)

 

19 novembre 2005

Alliance Française de Madras

Madras (IN)

 

16 novembre 2005

Alliance Française de Calcutta

Calcutta (IN)

 

14 novembre 2005

Alliance Française de Bombay

Bombay (IN)

 

11 novembre 2005

Alliance Française de Ahmedabad

Ahmedabad (IN)

 

8 novembre 2005

Alliance Française de New Dehli

New Dehli (IN)

 

24 mars 2005

Centre des arts pluriels

Luxembourg (LUX)

 

20 mars 2005

Association pour la gestion et l’animation du théâtre Morlaix (FR)
17 mars 2005 – Espace pluriels

Pau (FR)

 

15-16 mai 2004

Projects Arts Centre, Festival de Dublin

Dublin (IRL)

 

10-11 mai 2004

European Spring Festival – Arkhangelsk Regional Youth Theatre

Arkhangelsk (RU)

 

21 février 2004

Théâtre de Vanves

Vanves (FR)

 

30 janvier 2004

L’Allan Scène nationale de Montbéliard

Montbéliard (FR)

 

14-15 novembre 2003

CNCDC de Châteauvallon

Châteauvallon (FR)

 

10 octobre 2003

ATER Teatro di Chisasso

Chisasso (CH)

 

6-7 octobre 2003

Festival Dance Umbrella

Londres (UK)

 

9-10 septembre 2003

ATER Teatro Gobetti

Turin (IT)

 

10 janvier 2003

ATER Teatro Comunale

Casalmaggiore (IT)

 

19-20 novembre 2002

Centre Meyerhold Centre Culturel Français de Moscou

Moscou (RU)

 

15 novembre 2002

Théâtre Liteiny Institut Français de Saint Petersbourg

Saint Petersbourg (RU)

 

28 mai 2002

D’Jazz Nevers, Maison de la Culture de Nevers

Nevers (FR)

 

18 avril 2002

La Tannerie

Château-Renault (FR)

 

16 avril 2002

Théâtre de Chartres

Chartres (FR)

 

15-16 mars 2002

Le Toboggan

Décines (FR)

 

1er mars 2002

Scène nationale de Bar-le-Duc

Bar-le-Duc (FR)

 

26 février 2002

Espace Jean Legendre Théâtre de Compiègne

Compiègne (FR)

 

20 octobre 2001

La Fabrique

Meung-sur-Loire (FR)

 

12-13 octobre 2001

Balleteatro Auditorio

Porto (PT)

 

15-21 juillet 2001

Chapelle des Pénitiens Blancs Festival d’Avignon

Avignon (FR)

 

6 juillet 2001

Écuries de Rivaulde

Salbris (FR)

 

10-11 avril 2001

Forum Meyrin

Genève (CH)

 

21-22 mars 2001

Danse à Lille Théâtre du Nord

Lille (FR)

 

9 mars 2001

Stadsschouwburg Brugge

Brugge (BE)

 

7 mars 2001

Cultureel Centrum Warande

Turnhout (BE)

 

23-25 février 2001

ATER Teatro delle passioni

Modena (IT)

 

20 février 2001

Maison de la Culture Loire-Atlantique

Nantes (FR)

 

16-17 février 2001

Centre culturel Jean Gagnant

Limoges (FR)

 

15 février 2001

Théâtre des 7 Collines

Tulle (FR)

 

6 février 2001

Théâtre Kalliste

Ajaccio (FR)

 

26 janvier 2001

Institut Français

Meknes (MA)

 

23 janvier 2001

Institut Français

Marrakech (MA)

 

20 janvier 2001

Institut Français / Théâtre National Mohamed V

Rabat (MA)

 

17 janvier 2001

IInstitut Français/ Complexe Touria Sekkat

Casablanca (MA)

 

19-20 décembre 2000

Bonlieu Scène nationale d’Annecy

Annecy (FR)

 

2-3 décembre 2000

Scène nationale d’Orléans

Orléans (FR)

 

4 novembre 2000

Centre culturel français

Riga (LV)

 

31 octobre 2000

Centre culturel français

Tallinn (EE)

 

9-10 octobre 2000

SIDance Chayu Theatre

Séoul (KOR)

 

29-30 août 2000

Theater Festival Basel

Basel (CH)

 

22-23 août 2000

Göteborg Dans & Teater Festival

Göteborg (SE)

 

19 mai 2000

Institut culturel français Chypre

Nicoise (CY)

 

30-31 mars 2000

Isadora Danses au Centre

Vendôme (FR)

 

21-22 mars 2000

Pôle Sud

Strasbourg (FR)

 

1-5 février 2000

Théâtre de la Bastille

Paris (FR)

 

12 janvier 2000

Théâre d’Arras

Arras (FR)

 

2-9 janvier 2000

L’Esquisse CDN/CNDC d’Angers

Angers (FR)

 

26 novembre au 3 décembre 1999

Scène nationale d’Orléans (Création officielle)

Orléans (FR)

 

1er novembre 1999

Festival Temporada Alta Teatre de Salt

Girona (ES)

 

16 octobre 1999

Le Botanique

Bruxelles (BE)

 

1er-2 août 1999

Internationale Tanzwochen Sofiensäle

Vienne (AT)

 

21-22 mai 1999

Festival Ex Ponto Lutkovno Gledalisce

Ljubljana (SV)

 

7 mars 1999

International Festival Sarajevo

Sarajevo (HR)

 

4-6 janvier 1999

Trafo

Budapest (HUN)

 

26-27 octobre 1998

Centre culturel français

Vilnius (LT)

 

Josef Nadj - Les veilleurs

Les Veilleurs

Spectacle de Josef Nadj pour 12 interprètes, inspiré de l’œuvre de Franz Kafka.

 

Chorégraphie

Josef Nadj

 

Interprétation

Istvan Bickei, Denes Debreï, Samuel Dutertre, Peter Gemza, Mathilde Lapostolle, Nasser Martin-Gousset, Ivan Mathis, Josef Nadj, Laszlo Rokas, Jozsef Sarvari, Cécile Thiéblemont, Henrieta Varga

 

Musique originale

Mauricio Kagel – « Variété »

Durand S.A. Editions musicales

 

Lumières

Rémi Nicolas

assisté de Xavier Lazarini

 

Scénographie

Michel Tardif

assisté de Bertrand Terreyre

 

Costumes

Bjanka Ursulov

assistée de Ouria Khouhli

 

Peinture des décors

Jacqueline Bosson

 

Direction technique

Raymond Blot

 

Coproduction

Centre Chorégraphique National d’Orléans, Théâtre de la Ville – Paris, Théâtre Garonne – Toulouse, L’Hippodrome – Scène Nationale de Douai, Theater Der Stadt – Remscheid

 

Avec le soutien du

Carré Saint-Vincent – Scène Nationale d’Orléans

 

Avec le concours de

la Comédie de Saint Etienne – Centre Dramatique National

 

Création

Théâtre de la Ville – Paris, 1er octobre 1999

 

Durée

1h15

 

Prix

Le spectacle «Les veilleurs» a remporté le «Masque d’or» du meilleur spectacle étranger présenté en Russie pour l’année 2000

« A partir d’un certain point il n ’est plus de retour. C’est ce point qu’il faut atteindre. »

 

« Là-bas, il y a des gens ! Pensez donc, ils ne dorment pas !

– Et pourquoi donc ?

Parce qu’ils ne sont pas fatigués.

– Et pourquoi donc ?

Parce que ce sont des fous.

– Les fous ne sont-ils donc pas fatigués ?

Comment des fous pourraient-ils être fatigués ? »

 

Franz Kafka

 

C’est une pièce chorégraphique inspirée par l’œuvre de Kafka dans laquelle Nadj déploie son art de créer des univers qui évoquent un espace mental où le spectateur trouve un coin, comme les étranges personnages, pour rêver ou grommeler.

Univers noir, mécanique, où éléments de décors et hommes en chapeau de noir vêtus s’imbriquent les uns dans les autres, comme si les objets prenaient âme ou comme si les humains se faisaient objet, on ne sait.

 

Postures extravagantes des corps à l’horizontale ou recroquevillés dans des boîtes minuscules, bascules insensées, hommes-tables, femmes-nuages, accumulation de corps, tréteaux, ampoules nues, ombres portées, dans une baraque de kermesse de village les hommes en noir ricanants éveillent les spectres kafkaïens à travers château, terrier, tribunal. Le tout évoque un mécanisme d’horlogerie démoniaque.

"Les Veilleurs" - Josef Nadj dans l'univers de Franz Kafka

« L’influence du monde de Franz Kafka est une évidence dans mon imaginaire. J'aime son écriture, son style. Je le revisite sans cesse », confie Josef Nadj.

 

Visions oniriques

 

Mais le directeur du Centre National Chorégraphique d'Orléans n'était jamais allé si loin dans l'exploration des thèmes kafkaïens que dans «Les Veilleurs». Douze interprètes (trois femmes, neuf hommes) dont lui-même danseront ce spectacle mardi prochain au Quartz de Brest. Accompagnés par la musique de l'Argentin Mauricio Kagel, les tableaux s'enchaînent, offrant leurs visions oniriques de thèmes puisés dans diverses oeuvres de l'auteur de «La métamorphose»: romans, nouvelles ou lettres. Qu'y voit-on ? Dans une sorte de décor forain des êtres prenant des postures extravagantes, hommes-tables, femmes-nuages... Josef Nadj se plaît à transformer en «objets» les corps de ses danseurs auxquels il demande d'adopter des attitudes impossibles et très souvent acrobatiques. Mais dans un univers de gestes saccadés, mécaniques, burlesques, dérisoires et fugaces comme un parfum, le grand chorégraphe d'origine hongroise glisse aussi des moments de grâce. Comme ce sublime pas de deux auquel il se livre avec Mathilde Lapostolle.

 

 

[...]

 

Le Télégramme - 3 janvier 2001

Dates passées :

 

12 mars 2004

Comédie de Caen

Hérouville-Saint-Clair (FR)

 

2 mars 2004

L’Odyssée

Périgueux (FR)

 

1er février 2003

La Faïencerie

Creil (FR)

 

29 janvier 2003

Théâtre du Muselet

Châlons-en-Champagne (FR)

 

13-16 juin 2002

National Theatre

Taipei (TW)

 

9-10 avril 2002

Teatr Muzuczny

Prague (CZ)

 

4 avril 2002

Palais national de la Culture

Sofia (BG)

 

31 mars 2002

Centre Culturel français

Novi Sad (SRB)

 

26-27 mars 2002

Madach Shinhaz

Budapest (HUN)

 

6 mars 2002

L’Arsenal

Metz (FR)

 

16-17 février 2002

Le Bateau Feu

Dunkerque (FR)

 

30 janvier 2002

Le Moulin du Roc

Niort (FR)

 

14-16 septembre 2001

Teatro General San Martin

Buenos Aires (AR)

 

6 juin 2001

Rotterdamse Schouwbourg

Rotterdam (NL)

 

3-4 mai 2001

Kennedy Center

Washington (USA)

 

24-29 avril 2001

The Joyce Theater

New York (USA)

 

7 avril 2001

Théâtre en Dracénie

Draguignan (FR)

 

3 avril 2001

Maison de la culture Scène nationale de Bourges

Bourges (FR)

 

30 mars 2001

Espace Malraux Scène nationale de Chambéry

Chambéry (FR)

 

17 mars 2001

L’Espace 44

Nantes (FR)

 

12 janvier 2001

Le Volcan

Le Havre (FR)

 

9 janvier 2001

Le Quartz

Brest (FR)

 

5 janvier 2001

Stadsschouwbourg

Utrecht (NL)

 

14-15 décembre 2000

De Singel

Anvers (NL)

 

21 novembre 2000

Centre culturel Français

Volgograd (RU)

 

18 novembre 2000

Centre culturel Français

Saratov (RU)

 

14-15 novembre 2000

Centre culturel Français

Moscou (RU)

 

19 octobre 2000

Le Manège

Maubeuge (FR)

 

13-14 octobre 2000

Teatro Nazionale

Rome (IT)

 

26 septembre 2000

Schouwbourg

Tilburg (NL)

 

22 septembre 2000

Schouwbourg

Arnhem (NL)

 

26-28 août 2000

Ludwigsburger Schlossfestspiele

Ludwigsburg (DE)

 

2000

Theater Festival basel

Bâle (CH)

 

9 juin 2000

Bühne der Stadt Köln

Cologne (DE)

 

6 juin 2000

Schauspielhaus

Düsseldorf (DE)

 

2 juin 2000

Theater der Stadt

Remscheid (DE)

 

4-6 avril 2000

Théâtre national de Bretagne

Rennes (FR)

 

15 janvier 2000

L’Hippodrome

Douai (FR)

 

9-18 décembre 1999

Théâtre Garonne

Toulouse (FR)

 

7 décembre 1999

Le Parvis Scène nationale de Tarbes

Tarbes (FR)

 

23 novembre 1999

L’Equinoxe

Châteauroux (FR)

 

20 novembre 1999

Théâtre de Nîmes

Nîmes (FR)

 

25-29 octobre 1999

Théâtre national populaire

Villeurbanne (FR)

 

21-23 octobre 1999

Scène nationale d’Orléans

Orléans (FR)

 

28 septembre-9 octobre 1999

Théâtre de la Ville

Paris (FR)


Josef Nadj - Le vent dans le sac

Le Vent dans le sac

Spectacle de Josef Nadj pour 8 interprètes en hommage à Samuel Beckett

 

Chorégraphie

Josef Nadj

 

Interprétation

Istvan Bickei, Denes Debrei, Peter Gemza, Laurence Levasseur, Josef Nadj, Gyork Szakonyi, Henrietta Varga, Valéry Volf

 

Musique

Stevan Kovacs Tickmayer

 

Lumières

Rémi Nicolas

assisté de Xavier Lazarini

 

Scénographie

Goury

 

Costumes

Bjanka Ursulov

assistée de Lori Chardonnet

 

Coproduction

Centre Chorégraphique National d’Orléans, Théâtre Vidy-Lausanne ETE, Théâtre de la Ville -Paris, Les Gémeaux Scène Nationale – Sceaux

 

Avec le soutien du

Carré Saint-Vincent-Scène Nationale d’Orléans

 

Création

Théâtre Vidy-Lausanne, 2 décembre 1997

 

Prix

1er prix du public et de la critique pour la mise en scène au Festival International de Théâtre de Sarajevo « MESS » (1998)

 

Durée

1h25

« Cependant j’ai bon espoir, je le jure, de pouvoir un jour raconter une histoire, encore une, avec des hommes, des espèces d’hommes, comme du temps où je ne doutais de rien, presque. Mais d’abord il faut fermer la bouche et continuer de pleurer, les yeux bien ouverts, pour que le précieux liquide se perde librement, sans brûler les paupières, ou le cristallin, je ne sais plus, ce qui brûle. Tiens, serait-ce là le ton, et la teneur, tout bêtement des sanglots ? Ce serait trop beau. Du reste pas une larme, pas une, je risquerais plutôt de rire. Non plus. Grave, je serai grave, je n’écouterai plus, je fermerai la bouche et serai grave, c’est l’heure, elle est revenue. Et rouverte ce sera, qui sait pour dire une histoire, j’ai bon espoir, une petite histoire aux êtres vivants allant et venant sur une terre habitable bourrée de morts, une brève histoire, sous le va-et-vient du jour et de la nuit, s’ils vont jusque-là, les mots qui restent, j’ai bon espoir, je le jure. »

 

Samuel Beckett, Nouvelles et Textes pour rien

L'hommage poétique de Nadj à Beckett

Joseph Nadj, chorégraphe contemporain hongrois parmi les plus doués de sa génération, présentait en janvier dernier, au théâtre Garonne, ses "commentaires d'Habacuc". Il revient pour donner Antichambre, le premier volet du "Vent dans le sac".

 

Né à Kanjiza, une province hongroise de l'ex Yougoslavie, Joseph Nadj est venu en France pour la première fois en 1980.

 

Son but était de perfectionner ses connaissances en mime tout en continuant à pratiquer les arts martiaux, mais il découvre la danse. Très vite, il partagera les univers de chorégraphes tels que Catherine Diverres ou François Verret, tout en mettant en route son propre travail. Dès 1987, il crée sa première pièce Canard Pékinois à partir de souvenirs de son village natal. Ses ballets suscitent d'emblée l'enthousiasme du public et une interrogation.

Son style est-il plus marqué par la danse, ou par le théâtre ? Huit autres chorégraphies suivront.

 

Le Vent dans le sac est la neuvième. Il s'agit ici d'un premier volet. Le second étant prévu pour 1999.

 

Le style de Nadj se situe à la croisée de la chorégraphie et du théâtre gestuel. Ses créations cultivent un climat délibérément onirique. A l'inverse de la danse abstraite dérivée des courants américains, il revendique la nécessité du conte. Il puise le plus souvent son inspiration dans la mémoire et l'inépuisable vivier de son enfance slavo-hongroise.

 

Le Vent dans le sac privilégie plus que de coutume le théâtre et la pantomime. Nadj essaie de rendre Beckett «visible» et lisible. Il évoque l'univers de Beckett à travers les deux clowns tristes d'En Attendant Godot : Vladimir et Estragon.

 

Qu'ils soient dotés de la parole ou muets et s'exprimant uniquement par le geste, ils épuisent leur temps de vie en actes absurdes et en prouesses inutiles.

Comme à l'accoutumée, chez Nadj, les objets et tous les jeux que l'on peut imaginer avec revêtent une grande importance.

 

Sacs de jute, sac matrice, corde, arbre, costumes noirs, tous ces accessoires sont présents dans le spectacle comme autant d'éléments de la syntaxe beckettienne. Nadj en fait le ressort de son invention artistique. Ces objets scandent les tableaux dont sont composés Antichambre et finissent par raconter une histoire à découvrir. Avec une touche de burlesque et d'absurde dont Nadj partage le secret avec Beckett, le chorégraphe restitue le climat propre à l'univers du dramaturge et fait de cet hommage qui n'a, paraît-il, rien de convenu ni de traditionnel, un très beau poème.

 

A.H. - La Dépêche - 21 avril 1998

Dates passées :

 

26-27 avril 2000

Scène nationale de Poitiers

Poitiers (FR)

 

7 mai 1999

Théâtre de l’Olivier

Istres (FR)

 

16 mars 1999

L’Espal

Le Mans (FR)

 

5 mars 1999

Théâtre Granit

Belfort (FR)

 

27 février 1999

Théâtre Feuillant

Dijon (FR)

 

11 décembre 1998

Le Fanal

Saint-Nazaire (FR)

 

23 octobre 1998

Festival Mess National Theatre Sarajevo

Sarajevo (CZ)

 

15-16 août 1998

Milenium Festival

Saint Jacques de Compostelle (ES)

 

10-12 août 1998

Theatro Nacionale D. Maria

Lisbonne (PT)

 

20-24 mai 1998

Théâtre Vidy

Lausanne (CH)

 

9 mai 1998

Teatro Victoria Eugenia

San Sebastian (ES)

 

24 avril 1998

L’Athanor Scène nationale d’Albi

Albi (FR)

 

21-22 avril 1998

Théâtre Garonne

Toulouse (FR)

 

9-10 avril 1998

Montpellier Danse Opéra Comédie

Montpellier (FR)

 

2 avril 1998

Halle aux Grains

Blois (FR)

 

25-29 mars 1998

Les Gémeaux

Sceaux (FR)

 

19-20 mars 1998

Le Cargo

Grenoble (FR)

 

24 février – 14 mars 1998

Théâtre les Abbesses

Paris (FR)

 

14-23 janvier 1998

Scène nationale d’Orléans

Orléans (FR)

 

2-21 décembre 1997

Théâtre Vidy

Lausanne (CH)


Josef nadj - Les commentaires d'Habacus

Les Commentaires d’Habacuc

Spectacle pour 10 interprètes en hommage à Jorge Luis Borges

 

Chorégraphie

Josef Nadj

 

Interprétation

Denes Debrei, Peter Gemza, Mathilde Lapostolle, Nasser Martin-Gousset, Ivan Mathis, Frank Micheletti, Josef Nadj, Cynthia Phung-Ngoc, Gyork Szakony, Valéri Volf

 

Musique

Stevan Kovac Tickmayer

 

Lumières

Rémi Nicolas

assisté de Raymond Blot

 

Scénographie

Goury

assisté de Jacqueline Bosson

 

Costumes

Suzanne Rippe

 

Direction technique

Raymond Blot

 

Construction décor

Granier Décor, Equipe technique du Carré Saint-Vincent – Orléans

 

Coproduction

Centre chorégraphique national d’Orléans, Theater der Stadt – Remscheid, Hebbel Theater – Berlin

 

Avec le soutien du

Carré Saint-Vincent, Scène Nationale d’Orléans et du Théâtre de la Ville-Paris

 

Création

Gymnase du lycée Aubanel – Festival d’Avignon, 11 juillet 1996

 

Prix

1er Prix « Danza & Danza » de la Critique, Italie (1996/1997)

 

« L’histoire de l’univers – et dans celle-ci nos vies et le plus ténu détail de nos vies – est le texte que produit un dieu subalterne pour s’entendre avec un démon.« 

Jorge Luis Borges

 

Un conteur doit, en outre, situer ses personnages dans un espace déterminé. Ce fut, pour Jorge Luis Borges le labyrinthe, lequel acquit chez lui une valeur obsédante.

Réel ou métaphorique, moral ou intellectuel, il procure le lieu privilégié de nombreux récits. Dans la mythologie « redoutable », le labyrinthe est un piège où un monstre guette, aux détours d’un couloir, le héros égaré.

D’autre part, on peut présumer que le labyrinthe fut l’image du monde ; aussi la trace de l’existence humaine peut-elle être à son tour figurée par un labyrinthe de causes et d’effets.

Ma tâche aujourd’hui est de construire, avec l’aide des thèmes de Jorge Luis Borges (la nature du temps, l’infini, les réflexions sur l’origine des identités humaines) un labyrinthe poétique : objet d’un « ars combinaria », qui devient, au sens théâtral, une représentation.

 

Josef Nadj

Dates passées :

 

8 février 2003

Fondation Châteauvallon

Ollioules (FR)

 

14 novembre 2001

Tsukuba Capio

Tsukuba (JP)

 

9-11 novembre 2001

Setagaya Public Theatre

Tokyo (JP)

 

23-24 mars 2001

Le Colisée

Roubaix (FR)

 

4 août 2000

Festival Mimos Odyssée

Périgueux (FR)

 

13 avril 2000

Le Carreau Scène nationale de Forbach

Forbach (FR)

 

20-21 août 1999

Internationales Sommertheater

Hambourg (DE)

 

20 juillet 1999

Festival Danse à Aix-en-Provence

Aix-en-Provence (FR)

 

11-12 mai 1999

La Comédie de Clermont-Ferrand

Clermont-Ferrand (FR)

 

10 avril 1999

Théâtre Paul Eluard

Bézons (FR)

 

30 mars 1999

La Passerelle

Saint-Brieuc (FR)

 

26 mars 1999

Mediagora

Boulazac (FR)

 

23 mars 1999

IDDAC

Saint Médard (FR)

 

13 mars 1999

Espace Malraux

Joué-les-Tours (FR)

 

23-24 février 1999

Le Phénix

Valenciennes (FR)

 

20-21 novembre 1998

Association pour la danse contemporaine

Genève (CH)

 

4-5 juin 1998

Dansens Hus

Stockholm (SE)

 

29-30 mai 1998

Danseteatre Festspillene i Bergen

Bergen (NOR)

 

12-16 mai 1998

Théâtre Nationale Populaire

Villeurbanne (FR)

 

17 février 1998

Le Manège

Reims (FR)

 

29-31 janvier 1998

Théâtre Garonne

Toulouse (FR)

 

9-10 janvier 1998

Théâtre de l’Union

Limoges (FR)

 

18 octobre 1997

Théâtre Acad

Vilnius (LT)

 

14 octobre 1997

Institut Français d’Ukraine

Odessa (UA)

 

10 octobre 1997

Centre Culturel Français

Lasi (RO)

 

7 octobre 1997

Opéra National de Bucarest

Bucarest (RO)

 

2 octobre 1997

Centre Culturel Français

Ljubljana (SL)

 

29 septembre 1997

Théâtre national de Szeged

Szeged (HUN)

 

26 septembre 1997

Institut Français de Hongrie

Budapest (HUN)

 

4 juillet 1997

Bassbank et Baggerman

Amsterdam (NL)

 

3-4 juin 1997

Israël Festival

Jerusalem (IS)

 

30 avril-3 mai 1997

Theaterhaus Gessnerhalle

Zürich (CH)

 

22 mars 1997

La Ferme du Buisson

Marne-la-Vallée (FR)

 

4-15 mars 1997

Théâtre de la Ville

Paris (FR)

 

12-14 février 1997

Hebbel Theater

Berlin (DE)

 

31 janvier 1997

Espace Malraux

Chambéry (FR)

 

24-25 janvier 1997

De Singel

Anvers (BE)

 

7 décembre 1996

Theater Remscheid

Remscheid (DE)

 

27-29 novembre 1996

Scène nationale d’Orléans

Orléans (FR)

 

24 juillet 1996

Internationale Tanzwochen/Museumsquartier

Vienne (AT)

 

19 juillet 1996

Festival Bolzano Danza

Bolzano (IT)

 

11-16 juillet 1996

Festival d’Avignon

Avignon (FR)