Poussière de soleils
Une pièce de Josef Nadj pour douze interprètes en hommage à Raymond Roussel
Chorégraphie
Josef Nadj
Interprétation
Istvan Bickei, Sylvain Blocquaux, Samuel Dutertre, Peter Gemza, Mathilde Lapostolle, Cécile Loyer, Nasser Martin-Gousset, Josef Nadj, Kathleen Reynolds ou Isabelle Kurzi, Laszlo Rokas, Gyork Joseph Szakonyi, Cécile Thièblemont
Assistant à la chorégraphie
Denes Debreï
Lumières
Rémi Nicolas
assisté de Christian Halkin
Scénographie
Michel Tardif
Musiques
Peter Vogel, The Art Ensemble Chicago, Malachi Favors Maghostut, Tatsu Aoki, Famoudou Don Moye, Conlon Nancarrow, Samm Benett, Kazimierz Serocki
Costumes
Yasco Otomo
assistée de Fabienne Orecchioni
Conception et réalisation des masques et accessoires
Jacqueline Bosson
Coproduction
Centre Chorégraphique National d’Orléans, Théâtre National de Bretagne – Rennes, Le Volcan Scène Nationale du Havre, Théâtre de la Ville – Paris, Le Carré Saint-Vincent Scène Nationale d’Orléans
Création
Scène Nationale d’Orléans, 5 octobre 2004
Durée
1 h 25
Cette pièce emprunte son titre à l’une des œuvres dramatiques de Raymond Roussel.
Si, de son vivant, Roussel ne connut pas la gloire à laquelle il aspirait et surtout l’euphorie qui, croyait-il l’accompagne et si depuis sa mort, il est resté un auteur relativement confidentiel, sa vie et son œuvre ont marqué de manière profonde nombre d’artistes et d’écrivains. À commencer par Marcel Duchamp, qui affirmait tout lui devoir mais aussi Georges Bataille, Michel Leiris, Georges Perec ou Michel Foucault.
C’est moins à l’œuvre littéraire qu’à la vie et à l’univers de Raymond Roussel qu’est consacré Poussière de soleils.
À son excentricité et son goût pour le spectacle, en opposition avec sa vie de solitaire, ponctuée de voyages accomplis avec une totale absence de curiosité.
Josef Nadj avoue sa fascination pour le parcours extravagant de ce riche dandy, chanteur amateur, joueur d’échecs, toxicomane, pour la manière dont il fit œuvre de sa vie, tissant des relations entre l’art et la folie, entre l’art et la mort.
"Roussel se croyait philologue, philosophe et métaphysicien. Mais il reste un grand poète. C'est Roussel qui, fondamentalement, fut responsable de Mon Verre, La Mariée mise à nu par ses célibataires, même. Ce furent ses Impressions d'Afrique qui m'indiquèrent dans ses grandes lignes la démarche à adopter. […] Je vis immédiatement que je pouvais subir l'influence de Roussel. Je pensais qu'en tant que peintre, il valait mieux que je sois influencé par un écrivain […]. Et Roussel me montra le chemin. Ma bibliothèque idéale aurait contenu tous les écrits de Roussel […] Voilà la direction que doit prendre l'art: l'expression intellectuelle, plutôt que l'expression animale. J'en ai assez de l'expression "bête comme un peintre".
Marcel Duchamp
"Roussel a inventé des machines à langage qui n’ont sans doute, en dehors du procédé, aucun autre secret que le visible et profond rapport que tout langage entretient, dénoue et reprend avec la mort".
"Une seule chose est certaine: le livre «posthume et secret» est l’élément dernier, indispensable au langage de Roussel. En donnant une «solution», il transforme chacun de ses mots en piège possible, c’est-à-dire en piège réel, puisque la seule possibilité qu’il y ait un double fond ouvre pour qui écoute un espace sans repos. Ce qui ne conteste pas l’existence du procédé clef, ni le méticuleux positivisme de Roussel, mais donne à sa révélation une valeur rétrograde et infiniment inquiétante."
Michel Foucault, Raymond Roussel
RAYMOND ROUSSEL
Né le 20 janvier 1877 à Paris, Raymond Roussel a été retrouvé mort au matin du 14 juillet 1933 dans la chambre 224 qu’il occupait depuis plusieurs semaines au Grand Hôtel et des Palmes à Palerme. La police palermitaine a rapidement conclu à une mort « naturelle causée par une intoxication due aux narcotiques et somnifères ». Cependant, la thèse du suicide semble hautement probable. Celui que Michel Leiris décrivait comme «multimillionnaire, écrivain et auteur dramatique, pianiste et chanteur amateur, faiseur d’“imitations”, bon tireur au pistolet, joueur d’échecs […], voyageur, toxicomane», avait tout sacrifié à son unique passion: la littérature. Peu après sa mort, selon les consignes qu’il avait données à son éditeur, paraissait son ultime opus, Comment j’ai écrit certains de mes livres qui, en dépit de la révélation que laisse supposer son titre, obscurcit plus qu’il ne le dévoile le mystère Roussel. Le mystère Roussel: son dandysme (un souci de l’apparence qui touchait à la phobie), son excentricité et son goût pour le spectacle, en opposition avec sa vie solitaire, ponctuée de voyages accomplis avec une totale absence de curiosité (« J’ai beaucoup voyagé. […] Or de tous ces voyages, je n’ai jamais rien tiré pour mes livres. Il m’a paru que la chose méritait d’être signalée tant elle montre clairement que pour moi l’imagination est tout ») ; comme le secret des procédés qu’il a définis et mis en jeu, de manière obsessionnelle, dans l’écriture de ses œuvres romanesques et poétiques.
Dans ce livre, Roussel mentionne «une curieuse crise que j’eus à l’âge de 19 ans, alors que j’écrivais La Doublure. Pendant quelques mois j’éprouvai une sensation de gloire universelle d’une intensité extraordinaire». À la suite de l’échec littéraire rencontré par ce premier roman (composé en vers), Roussel déclara avoir eu « l’impression d’être précipité jusqu’à terre du haut d’un prodigieux sommet de gloire ». Faut-il mettre en relation cet échec et ceux qu’allaient connaître ses romans, poèmes et pièces de théâtre ultérieurs, et la frénésie avec laquelle Roussel s’adonna, la dernière année de sa vie, au jeu d’échecs ? En guise de conclusion à Comment j’ai écrit certains de mes livres, Roussel revient sur «le sentiment douloureux que j’éprouvais toujours en voyant mes œuvres se heurter à une incompréhension hostile presque générale. Je ne connus vraiment la sensation du succès que lorsque je chantais en m’accompagnant au piano et surtout par de nombreuses imitations que je faisais d’acteurs ou de personnes quelconques. Mais là, du moins, le succès était énorme et unanime. Et je me réfugie, faute de mieux, dans l’espoir que j’aurai peut-être un peu d’épanouissement posthume à l’endroit de mes livres.»
Des poussières de soleils qui piquent... la curiosité
Josef Nadj a présenté Poussière de soleils au Théâtre de la Ville. Depuis vingt ans, le chorégraphe, originaire de Voïvodine, enclave hongroise de l'ex-Yougoslavie, confectionne puis manipule ses personnages comme des mannequins d'étoupe vus sous divers angles. Il s'avance masqué, alimente d'images en mouvement son entretien ininterrompu avec des compagnons de route qui ont nom Kafka, Schulz, Büchner, Beckett ou Artaud. Pour sa dernière création, Josef Nadj s'est laissé aimanter par l'univers troué d'énigmes, empli d'objets déplacés, de bizarreries, de distorsions d'écriture, né sous le crâne du milliardaire artiste qui enchanta les surréalistes et n'eut aucun succès de son vivant, Raymond Roussel.
La figure clé d'une littérature à part
Longtemps ignoré, redécouvert dans les années soixante-dix grâce à Michel Foucault entre autres, objet de scandale, notamment lors de la réception de son oeuvre Locus Solus (1914), Raymond Roussel est la figure clé d'une littérature à part. D'aucuns vont jusqu'à le comparer à Joyce. Breton l'a défini comme « le plus grand magnétiseur des temps modernes ». « Je l'ai approché, dit Josef Nadj, à travers Marcel Duchamp, un passionné du jeu d'échecs (comme moi), qui le tenait pour son maître. J'ai découvert un génie au talent protéiforme : écrivain, champion de tir au pistolet, inventeur du double vitrage, imitateur hors pair, excellent pianiste. J'ai eu l'envie d'explorer son oeuvre ». Poussière de soleils, reprenant le titre d'une pièce de Raymond Roussel écrite en 1926, se joue au sein d'une maison en bois brut (portes et fenêtres sont vigoureusement emboîtées), flanquée de sa jumelle. Nadj met ainsi habilement en scène, non sans un goût certain pour la menuiserie (dont son père fit profession), le thème du double cher à Raymond Roussel. Son premier texte, composé en vers et publiée à compte d'auteur, ne s'intitulait-il pas La Doublure (1897) ? Il y imaginait un comédien raté, affecté au rôle ingrat de doublure dans un théâtre.
Sur la scène, les douze interprètes vaquent au sein des deux demeures, réussissant le tour de force de réfléchir à l'unisson les gestes de leur voisin imaginaire. La pièce fonctionne comme le texte de Roussel en son entier, sans narration suivie, mais truffé d'aphorismes visuels, d'homophonies dans le mouvement, de clins d'oeil à l'auteur sur le mode du collage. Le premier acte met en jeu une danse des masques, un art nègre sur fond de percussions africaines, rappel des Impressions d'Afrique (1910) et de leur pendant les Nouvelles Impressions d'Afrique (1932), écrites par le globe-trotter Roussel, qui y travestit la culture occidentale en plein triomphe du colonialisme. Nadj décide d'emblée de lever le masque sur la biographie de l'auteur. La figure du poète, flanquée de son double, traverse donc l'oeuvre. Une femme qu'on dirait en proie à la démence hante la scène. Elle n'est pas sans rappeler Charlotte Dufrêne, la maîtresse de Raymond Roussel. On sait que Raymond Roussel, né dans une famille de la plus riche bourgeoisie, placé sous la coupe d'une mère autoritaire et excentrique, accablé par ses échecs littéraires, prit pour maîtresse Charlotte Dufrêne afin de mieux dissimuler son inavouable homosexualité.
Savante distorsion des perspectives
Elle revient ici comme un petit satellite, tandis que la figure masculine, vêtue d'une chemise blanche lardée de coups de couteau, est épinglée sur une porte comme un papillon. Le décor, mobile, permet une savante distorsion des perspectives. La maison, où chacun se fige pour bouger de plus belle - certains entrent par la fenêtre, d'autres dorment debout ou à cheval sur le chambranle de la porte -, rappelle la cage-glacière de Locus Solus de Roussel, mi-morgue mi-musée Grévin. Cette maison pour pantins à l'échelle humaine s'ouvre en perspectives fuyantes puis se referme. Le jeu d'accommodation visuelle qui en découle mime l'art de Raymond Roussel, lequel révéla ses secrets de fabrication dans Comment j'ai écrit certains de mes livres (1935). La dernière séquence a lieu au coeur d'une unique maison (l'une s'étant refermée sur l'autre), dans laquelle le regard des spectateurs ne peut passer, si bien que l'on assiste en aveugle au coup de revolver fatal. Nadj, cette fois, s'avance au plus près de l'écorce intime de celui dont il entend ressusciter l'existence.
Muriel Steinmetz - L’Humanité - 3 mai 2005
Dates passées :
26 janvier 2008
Modafe Korea
Séoul (KR)
15 mai 2007
La Coursive Scène nationale de la Rochelle
Rochelle (FR)
14 avril 2006
Le Parvis
Tarbes (FR)
7 mars 2006
Théâtre de Caen
Caen (FR)
19-20 mai 2005
Le Volcan
Le Havre (FR)
19-26 avril 2005
Théâtre de la Ville
Paris (FR)
14 avril 2005
Le Carreau Scène nationale de Forbach
Forbach (FR)
7 avril 2005
Comédie de Clermont-Ferrand
Clermont-Ferrand (FR)
26 novembre 2004
Bonlieu Scène nationale d’Annecy
Annecy (FR)
23 novembre 2004
Comédie de Valence
Valence (FR)
12-23 octobre 2004
Théâtre national de Bretagne
Rennes (FR)
5-6 octobre 2004
Le carré Saint-Vincent Scène nationale d’Orléans
Orléans (FR)
Il n'y a plus de firmament
Un spectacle en hommage à Balthus et Artaud
Chorégraphie
Josef Nadj
Interprétation
Lionel About, Jean Babilée, Guillaume Bertrand, Damien Fournier, Jing Li, Yoshi Oïda puis Josef Nadj, Ali Tahbet
Assistante à la chorégraphie
Mariko Aoyama
Création sonore
Alain Mahé
Lumières
Rémi Nicolas
Scénographie
Michel Tardif
Décor
Christophe Mureau, Tirésias Mercier
Costumes
Esther Zeller
Masques
Jacqueline Bosson
Sculptures
Catherine Poulain, Michel Racoillet
Coproduction
Théâtre Vidy-Lausanne E.T.E., Théâtre de la Ville – Paris, Berliner Festwochen
Création
Théâtre Vidy-Lausanne E.T.E., mai 2003
À l’automne 2000, j’ai eu l’occasion, avec mon ami poète Otto Tolnaï de rendre visite à Balthus dans son chalet, en Suisse.
Nous avons passé un bon moment dans son atelier, où j’ai pu réaliser quelques photos de lui.
Otto Tolnaï posait des questions sur Rilke et René Char, moi, je voulais le questionner sur Artaud, mais comme s’il avait pressenti ma question, en levant les yeux vers le haut, et en souriant, il a commencé à évoquer son plus cher ami :
« Très peu de gens savent qu’il a fait une terrible chute dans un escalier, où il s’est cogné très sérieusement la tête, et que tout son manifeste sur le Théâtre de la cruauté a été écrit après cette chute. »
Quelques mois plus tard, peu de temps avant sa mort, je lui ai rendu visite de nouveau avec Michel Archimbaud. Je voulais faire quelques photos de lui avec son chat, mais il était très fatigué déjà, et après le déjeuner il s’est retiré dans sa chambre. Mais en nous quittant, il s’est tourné vers moi et m’a dit : « Josef, n’oublie pas mon ami Artaud, très important…»
En sortant de chez lui, je commençai de photographier la façade de la maison lorsque j’aperçois, sur le paillasson devant la porte, la tête d’un cheval. Je l’ai prise en photo.
De retour en France j’ai acheté l’œuvre complète d’Artaud et j’ai commencé à la lire par le 26è et dernier tome. Sur la page 23, je tombe sur cette phrase :
« Or moi, Artaud, je me sens cheval et non homme ».
Depuis ce moment, comme un fil tendu entre le tableau de Balthus et la poésie d’Artaud, je revisite Rielke, Tsoeing-Tseu, le Japon, l’Italie, l’Irlande… je relie ces espaces comme une araignée, je tisse un labyrinthe dans lequel naît le spectacle…
Un jeu d'échecs sous l'œil d'Artaud et de Balthus
Josef Nadj présente Il n'y a plus de firmament. Pas de place en effet pour le firmament dans l'espace sans ciel représenté sur scène. On se croirait dans un tableau, d'allure monumentale, avec, à cour et à jardin, un système de panneaux biseautés censés figurer les bordures du cadre. L'ensemble fait référence à l'acte de peindre et pourquoi pas, à Balthus dont Nadj s'inspire, comme il est spécifié dans le fascicule qui accompagne la pièce. Du peintre, il nous semble retrouver ici des marques de fabrique : la primauté du dessin sur la couleur, les géométries rigoureuses des panoramas du Quattrocento, le goût des aplats mats. C'est là un univers propice au songe inquiétant qui se fait jour sur les planches. Jean Babilée, légende vivante, ne serait-ce qu'à cause de son interprétation fulgurante, historique, du Jeune Homme et la Mort, (ce chef-d'ouvre de Roland Petit, sur un livret de Jean Cocteau) s'avance à jardin. D'une main hésitante, il redessine sa silhouette avec un crayon qui en suit les contours. Bref, il se recrée. À moins qu'une énorme main en plâtre, posée sur le plateau, ne le lui dicte.
Trois danseurs acrobates vêtus de costumes sombres, de chapeaux - comme toujours chez Nadj - portent à bout de bras le corps d'une femme inanimée. Le personnage, interprété par la jeune artiste chinoise Jing Li, s'éveille sous l'impulsion de leurs gestes. On apprécie la cascade de ses cheveux noirs dénoués, ses jambes aptes à toutes sortes de manipulations. Les trois acrobates campent un personnel maléfique, d'une inquiétante obséquiosité. Yoshi Oïda, acteur japonais cher à Peter Brook, se prend les pieds dans un vélo. Ses tics gestuels ne lui laissent aucun répit. On le dirait cerné par un double qui lui transmettrait son dynamisme par à coups. Tous sont gagnés par l'automatisme du mouvement. Nul ne sait comment le chorégraphe va composer avec ces créatures disparates, aux gestes raides. Inventaire : une chinoise, quatre acrobates (Lionel About, Guillaume Bertrand, Damien Fournier, Ali Thabet) et deux figures quasi mythiques de la danse et du théâtre.
La pièce organise des chemins de traverse, des diagonales de sens, comme en une partie d'échecs où chacun est un pion qui se déplacerait lui-même. Perché sur une structure de métal, un autre danseur brusquement bascule, emporté dans une chute d'une infinie lenteur. Sa descente aux enfers (?) demeure inexplicable puisque ni ses jambes, ni ses bras ne tentent de s'accrocher à la tige de métal. Josef Nadj affectionne ce genre d'aberration contrôlée. Il guette l'instant de la métamorphose plus que son résultat. Il chérit ce moment où l'ordre du réel bascule.
Chacun entreprend des actes qu'on dirait quotidiens, avec un goût pour le bricolage à plusieurs, les emboîtements, les manipulations d'objets : mettre une planche entre deux chaises, accrocher un tableau, ouvrir et fermer une porte, déballer des morceaux de statue : une main, un index en plâtre de format considérable. S'agit-il pour les interprètes marionnettes de mettre à jour des " membrae disjectae ", fussent-ils en plâtre ? De reconstituer par fragments le tout ou partie des ruines d'un Dieu ? Ces pions sur l'échiquier cherchent un maître dont on distingue déjà, en fond de scène, le corps gigantesque, doublé d'un autre en craie, à son échelle.
Nadj, une fois de plus, met en scène son inconscient. Les objets d'aujourd'hui se doublent de ceux qu'hier, reconnaissables sur scène. Il les assemble avec une logique implacable. Son amour obsessionnel pour les portes et chausse-trappes se rejoue à nouveau. Ce fils d'un artisan charpentier originaire de la Vojvodine a conçu une structure de bois munie d'une porte qui s'ouvre et se ferme sur les danseurs. N'est-ce pas qu'il fait franchir par-là des seuils comme autant de lieux de passage vers un monde autre ?
En toute fin de partie, le fond de scène est occupé par deux statues géantes. La voûte céleste - le firmament - est remplie jusqu'à la gueule par ces deux figures envahissantes. Nadj n'évoque-t-il pas la figure d'Antonin Artaud par ces deux figures dans lesquelles il voit la malédiction des origines du père et de la mère donnant lieu à la génération sexuée ? Par rapport aux humains, les deux gigantesques effigies se meuvent harmonieusement et d'un air entendu. Elles opinent du bonnet, clignent de l'œil en direction du public. S'agit-il d'Artaud et de Balthus regardant cela de haut ?
La présence de ces doubles, la recherche de ceux qui furent avant nous, trouvent leur résolution " déceptive " dans l'installation sur scène de ces colosses très peu divins. Ce ne sont que des statues, mais elles disent à leur manière le crépuscule des dieux. Il n'y a plus de firmament est un acte désespéré où le plasticien que fut Nadj - n'a-t-il pas suivi des cours aux beaux-arts de Budapest ? - transmet à ses " créatures " son talent d'assembleur. Vivre, exister, avec ou sans ficelle, c'est emboîter des séquences, orchestrer des raccords, rassembler des objets pour donner corps à l'ensemble.
Muriel Steinmetz - L'Humanité - 11 Novembre 2003
De Balthus à Artaud, Nadj dans le bonheur
En ombres chinoises, serait-ce des volubilis, là, qui se profilent en entrelacs végétal sur les deux écrans de tissus blancs se rejoignant en obliques, jusqu'à former un vaste portail à moitié clos ? Le peintre Balthus n'a-t-il pas dessiné et colorié des volubilis ? Car c'est en pensant à lui que Josef Nadj a composé Il n'y a plus de firmament, se souvenant d'une visite au maître dans sa demeure en Suisse, peu de temps avant sa disparition. L'artiste, prenant congé de son hôte sur le pas de la porte, lui avait dit, léger, mais non sans gravité : «Josef, n'oublie pas mon ami Artaud.»
Du pain et des clous. Du fulgurant poète interné à Rodez, le vieil homme et l'homme jeune venaient de parler. Balthus, probablement, avait rappelé comment, en 1935, il avait conçu pour Artaud les décors des Cenci ; puis combien l'auteur de l'Ombilic des limbes avait défendu sa peinture face aux surréalistes. Rentré chez lui, Nadj, illico, comme on revient à une Bible, avait donc relu le Théâtre de la cruauté, puis toute l'oeuvre, tombant sur cette phrase : «Or moi, Artaud, je me sens cheval et non homme.» Cette pensée-là rappela au chorégraphe le paillasson avec une tête de cheval, devant la porte de Balthus, qui l'avait intrigué. Il l'avait remarqué, tout comme il avait prêté attention à un livre resté ouvert sur une reproduction représentant une fenêtre, une table et... un couteau.
Trois années ont passé. Il y a un cheval, dessiné au fusain, dans un cadre qui ne cesse de se décrocher de la cloison de bois devant laquelle, assis à une petite table, deux hom mes envisagent une miche de pain posée sur une serviette blanche. Puis constatent, à vouloir la manger, qu'elle contient des clous. L'image du cheval se descelle encore une fois de son... clou. L'un des deux comparses, en désespoir de cause, retourne le cadre, et apparaît le dessin d'un autre cheval, ailé celui-là. Qui ne bougera plus.
Alors Yoshi Oïda, l'acteur japonais cher à Peter Brook, ici noyé dans un ample manteau noir, se rassoit en face de Jean Babilée, silhouette merveil leuse devenue pure et vivace légende dès l'année 1946, juste avant l'ultime conférence d'Artaud au Vieux-Colombier. Jean Babilée, épais cheveux d'argent, profil faisant un peu penser à Alain Cuny, épaules en arrière, torse bombé, démarche comme glissante, est la formidable étoile qui porte le couteau dans le spectacle. Car ainsi tout commence : par l'image du jeune vieil homme de dos, songeant au pouvoir de la lame aiguisée. Tandis que sur un haut portique, un autre, acrobate en noir, attend l'instant de se laisser lentement glisser tête la première. Il remontera plus tard, pour suspendre en cette hauteur un buste transpercé dans le dos par un couteau.
L'aimant Jing Li. «Souviens-toi de ton ami Balthus, qui t'avait demandé de te souvenir d'Artaud» n'a dû cesser de se dire à lui-même le compositeur d'images, Nadj .. Mis en très spectaculaire espace, son ballet avec six personnages hommes, aimantés par la fantastique danseuse Jing Li, tient du parcours rêveur. La remémoration est aussi libre qu'énigmatique, aussi grave que légère, voire keatonnienne. Quelques mesures de Mozart ici, des sonorités japonisantes là ; l'érotisme de Balthus est scruté, toute sa «mathématique personnelle» mise en lumière, claire, tendre presque.
Viendra un nostalgique pas de deux, où la jeune fille émerge, hiératique, d'un tableau de Piero della Francesca, face au faune qui lui maintient si bien le dos. La même Jing Li, plus loin, seule ou étendue sur des dos solidaires, jouera toutes les distorsions du cou, des épaules, et les regards en biais, et l'aiguë décomposition des gestes des modèles que le peintre savait mettre en porte-à-faux. On ne vous dira pas comment, aussi, les autres danseurs-acrobates de Nadj s'emparent de ces porte-à-faux-là, pour qu'ils tombent si juste.
Mathilde La Bardonnie - Libération - 7 novembre 2003
Dates passées :
19 octobre – 21 novembre 2004
New Vision Arts Festival
Hong Kong
27 janvier 2004
Salle Louis Guiloux de la Passerelle
Saint-Brieuc (FR)
4 décembre 2003
Théâtre de Bourg-en-Bresse
Bourg-en-Bresse (FR)
6 décembre 2003
Comédie de Valence
Valence (FR)
4-15 novembre 2003
Théâtre de la Ville
Paris (FR)
9-11 octobre 2003
Théâtre national de Toulouse Midi-Pyrénées
Toulouse (FR)
Journal d’un inconnu
Un solo de Josef Nadj d’après son journal et des poèmes d’Otto Tolnai
Chorégraphie et interprétation
Josef Nadj
Musiques
Percussions d’Ethiopie, “Akira Sakata”, musiques traditionnelles de Hongrie, de Roumanie et du Mexique.
Scénographie
Josef Nadj et Rémi Nicolas
Lumières
Rémi Nicolas
assisté de Xavier Lazarini
Costumes
Bjanka Ursulov
Décors
Michel Tardif
Peinture des décors
Jacqueline Bosson
Conception vidéo
Thierry Thibaudeau
Coproduction
Centre Chorégraphique National d’Orléans, Théâtre de la Ville – Paris, Biennale de Venise
Création
Biennale de Venise, 6 juin 2002
Durée
1 heure
« Je dirais que c’est une histoire très rapprochée, presque intime. Le thème de ce solo-là est le souvenir de mes amis. Peintres et sculpteurs, qui se sont suicidés, à un moment donné – de ma ville natale. Il s’agit de Kanjiža. Ce n’est pas vraiment un journal écrit, c’est le journal de ma mémoire. Et l’inconnu, c’est, ça désigne un peu pour moi la mort. La mort, ce qu’on porte en nous-même, qui est donc ce mystère qui nous interroge, qui nous attend quelque part. Et qui écrit aussi son journal en nous-mêmes à sa façon. »
Josef Nadj
Seigneur je t’en supplie ne me sauve pas
ce serait plus viril comme ça
ne me sauve pas
en dépit de mes prières
écolier se repentant de son premier péché mortel
je t’implorerai sans fin
ne me sauve pas
remplirai-je de mes larmes
tous tes récipients
tes dés à coudre bosselés
tes tonneaux énormes
sangloterai-je
dans toutes tes chaussettes noires trouées
seigneur je t’en supplie ne me sauve pas
laisse le rat
cet ouvrier zélé perceur de tunnels
se faire un chemin à travers mon ventre
laisse le loup
enfermé en moi
mâcher bruyamment mon visage
émerveille-toi plutôt de nous voir
plus que tu ne le fus jamais
en voyant des amants épris
Seigneur je t’en supplie ne me sauve pas
entends ma prière débâcle de glace pure
ne me sauve pas
je sais tu n’as jamais sauvé personne
mais j’ai peur que tu ne fasses une exception pour moi
je t’en supplie ne me sauve pas Seigneur je t’en supplie ne me sauve pas.
Otto Tolnai, "J'ai peur que tu ne fasses une exception pour moi"
Extrait de Or brûlant, recueil de poèmes traduits du hongrois par L. Gaspard, S. Clair et J. Lackfi
Préface de Josef Nadj
Editions Ibolya Virag, 2001
Il aura fallu quinze ans à Josef Nadj pour aborder la forme du solo et – sans doute parce qu’il s’agit de sa première expérience en la matière –, Journal d’un inconnu est sa pièce la plus introspective, la plus clairement autobiographique.
Renouant avec ses premières créations, elle se présente en effet comme une nouvelle évocation de Kanizsa, sa ville natale, puisqu’elle est explicitement composée « d’après » le journal du chorégraphe et des poèmes d’Otto Tolnai – qui en est également originaire. Cependant, à travers leurs écrits respectifs, Journal d’un inconnu rend surtout hommage à trois personnalités de la ville. D’une part, au mythique Laszlo Toth, ce géologue australien natif de Kanizsa qui, en 1972, se rendit célèbre dans le monde entier… pour avoir défiguré la Piéta de Michel-Ange à Rome ; d’autre part, à deux hommes que Nadj a côtoyés et qui, tous deux, se sont donné la mort : Tihamér Dobó, le peintre vagabond, et Antal dit Toni Kovács, l’ancien lutteur devenu sculpteur.
Référence manifeste à Nadj lui-même, l’« inconnu » du titre signale, bien sûr, cette part irréductible d’étrangeté à soi-même qui est notre lot commun. Mais il désigne, plus encore, le territoire qu’arpentent, chacun à sa manière, l’iconoclaste, les deux artistes, tout comme Josef Nadj et son ami poète Ottó Tolnai : avec leur part d’inachèvement, de fragilité, avec la place qu’ils tiennent ou devraient tenir dans nos vies, l’art et la création constituent, en effet, la question centrale de Journal d’un inconnu.
Myriam Bloedé
Il est seul en scène pour la première fois en dix-sept ans de danse. Avec Journal d'un inconnu, le chorégraphe Josef Nadj (né en 1957) se jette à l'eau. Il s'entoure d'un décor comme il les aime. Une palissade en bois, des cadres, une table (celle de son grand-père), une chaise... La scène de Josef Nadj porte en creux son passé. Fils de charpentier, petit-fils de paysan, Josef Nadj dit qu'il "danse sa mémoire". Celle de son village natal de Kanjiza, dans l'ex-Yougoslavie, en est le coeur battant. Dans ce reportage sur son travail, il confie qu'il rend hommage dans ce solo à ces amis, peintres et sculpteurs, qui s'y sont suicidés. Solo de souvenirs, transe de fantômes, de perte et de peur, Journal d'un inconnu dessine aussi en creux l'auto-portrait d'un homme dont l'identité chavirée ne se répare que sur scène.
Kanjiza (12 000 habitants) est située en Voïvodine, enclave hongroise de l'ex-Yougoslavie, aujourd'hui située en Serbie. Coupée en deux par le fleuve Tisza, affluent du Danube, elle est la ville que "tout le monde rêve de quitter sans y réussir". Nadj y retourne régulièrement. Il y possède sa bibliothèque. En conteur, il a fait de cette bourgade inconnue un mythe. En 1987, son premier spectacle, Canard Pékinois, créé avec succès au Théâtre de la Bastille, à Paris, racontait les souvenirs d'un gamin qui s'entraînait aux arts martiaux dans un théâtre où une troupe d'acteurs se suicida; Sept peaux de rhinocéros (1988) plonge dans la longue agonie du grand-père du chorégraphe; Les Echelles d'Orphée (1992) saluent les pompiers de Kanjiza, champions du monde des pompiers à Turin en 2011. Sur un autre ton, au croisement de la danse et de la peinture, Les Corbeaux (2009), oiseaux de la sagesse dans le pays de Nadj, évoquent ceux de la region de Kanjiza qu'il a longtemps observés avant de les danser... Cette géographie intime, nourrie par des lectures nombreuses, a trouvé une incarnation unique dans le théâtre dansé de Nadj. Sa formation en mime, au début des années 80 à Paris, puis en danse, a contribué à sculpter sa gestuelle unique d'homme-pantin secoué par ses pulsions.
Rosita Boisseau
Dates passées :
28-29 mai 2009
MC2
Grenoble (FR)
22-23 novembre 2008
La Comédie
Clermont-Ferrand (FR)
8-9 novembre 2008
Festival Euro-Scene
Leipzig (DE)
9 juin 2008
Bratislava in Movement
Bratislava (SK)
27 octobre 2007
Festival internacional de teatro
Quito (ECU)
17-18 juillet 2007
Teatro Restori
Cividade des Friuli (IT)
20 avril 2007
L’Archipel, Scène Nationale
Guadeloupe (FR)
8-9 mars 2007
Théâtre de Nîmes
Nîmes (FR)
1-2 mars 2007
Théâtre 140
Bruxelles (BE)
3-4 mai 2005
Bonlieu Scène nationale d’Annecy
Annecy (FR)
25-26 février 2005
The Tramway
Glasgow (UK)
14 janvier 2005
Théâtre le Minotaure
Vendôme (FR)
11 janvier 2005
Théâtre Magdalenazaal Cultuurcentrum
Bruges (BE)
1-2 décembre 2004
Festival Net Meyerhold Center
Moscou (RU)
15-16 avril 2004
Espace des Arts
Châlon-sur-Saône (FR)
9 avril 2004
Espace Soutine
Lèves (FR)
2-3 avril 2004
Dansens Hus
Stockholm (SE)
20 mars 2004
Théâtre Jean-Lurçat Scène nationale d’Aubusson
Aubusson (FR)
16-17 mars 2004
Le Trident Scène nationale de Cherbourg
Cherbourg (FR)
7 novembre 2003
L’Espal
Le Mans (FR)
27-28 septembre 2003
Kaserne
Basel (CH)
17 juillet 2003
Impulstanz Vienna International Dance Festival
Vienne (AUT)
10-25 janvier 2003
Scène nationale d’Orléans
Orléans (FR)
17-21 décembre 2002
Théâtre de la Ville Les Abbesses
Paris (FR)
5 novembre 2002
Obrazovna Kulturna Ustanova Cnesa
Kanjiza (SRB)
30-31 octobre 2002
Trafo
Budapest (HUN)
6 juin 2002
Biennale de Venise, Teatro Piccolo Arsenale
Venise (IT)
Les Miniatures
Parallèlement à son spectacle Les Philosophes inspiré de la vie et de l’oeuvre de Bruno Schulz, Josef Nadj a réalisé ces Miniatures. 55 dessins à l’encre de chine dont chacun peut être considéré comme un « instantané », un arrêt sur image.
Les dessins de Josef Nadj, sont tous d’un format de 6 x 8 cm, probablement pour se rapprocher du format initial sur lequel Josef Nadj a débuté ses premières esquisses : du papier à cigarettes.
Faciles à transporter dans une poche, ces dessins pourraient faire penser à son journal intime dans lequel Josef Nadj écrirait à la plume. Dans leur facture, on y retrouve la même minutie que dans l’élaboration de ses chorégraphies, la même constance, la même composition.
Ces dessins, tels des petites fenêtres ouvertes sur un imaginaire qui nous transporte d’un univers à un autre, ou nul repos n’est possible, ou chaque être (animal ou humain) peut cacher sous une table, sur lui, ou derrière un mur, une autre réalité.
« Les dessins associés aux Philosophes sont, comme souvent chez Nadj, des miniatures à l'encre de Chine. Chacun peut être considéré comme un "instantané", un arrêt sur image. Au trait ou au point, le dessin est d'une extrême précision d'une extrême minutie, et compose des des natures mortes ou des scènes avec figures, souvent statiques, caractérisées par une multitudes de détails: veines d'un parquet en bois, dissolution ou esquisse des traits d'un visage, amas de poussière.
Ce travail de détail est l'une des spécificités de Josef Nadj dans ses oeuvres plastiques et scéniques - ce qui souligne encore la parfaite continuité entre les deux pans de sa création. Il produit un effet de saturation qui joue comme un voile, dissimulant peut-être le sujet ou l'objet principal de la composition, et introduit du trouble, du secret, tout en sollicitant l'attention.
[...] Dans cette série, on peut repérer un certain nombre de motifs et de sujets propres au chorégraphe - le bois comme matière "noble", vivante ; la notion d'exploit (physique) ; le thème du miroir ou le paradoxe de Zénon -, mais aussi de ceux qui le relient à Bruno Schulz - la puissance de la matière, sa capacité de prolifération ; le livre comme monde en soi ; le rapport au père, aux pères ; l'animalité dans l'homme ou encore le temps comme espace discontinu. »
Myriam Blœdé
Expositions passées :
2-26 novembre 2016
Médiathèque d’Orléans
Orléans (FR)
28 avril – 24 mai 2004
Institut hongrois à Paris
Paris (FR)
8-28 mars 2003
Le Volcan Scène nationale du Havre
Havre (FR)
20 septembre – 20 octobre 2002
Stadsschouwburg
Bruges (BE)
17 avril – 18 Mai 2002
Galerie Le Lys
Paris (FR)
8 janvier – 8 février 2002
Centre culturel Jean Gagnant
Limoges (FR)
Les Philosophes
Spectacle de Josef Nadj pour 5 interprètes et 3 musiciens inspiré de l’œuvre de Bruno Schulz
Chorégraphie, conception, réalisation et mise en espace de l’exposition
Josef Nadj
Interprétation
Istvan Bickei, Ivan Fatjo, Eric Fessenmeyer, Peter Gemza, Josef Nadj
Lumières
Rémi Nicolas
assisté de Christian Halkin
Musique originale
Szilárd Mezei
Interprétée par
Szilárd Mezei (violon et contrebasse), Albert Márkos (violoncelle), Tamás Geröly (percussion)
Scénographie
Michel Tardif
assisté de François Bancilhon
Peinture des décors
Jacqueline Bosson
Participation
Martin Zimmermann pour le film
Coproduction
Centre Chorégraphique National d’Orléans, Festival de Danse de Cannes, Bruges Capitale Culturelle Européenne 2002
Création
Festival de Danse de Cannes, 5 décembre 2001
Durée
1 heure 50 minutes
Prix
Ce spectacle a reçu le grand prix de la critique 2001-2002 – Palmarès danse par le Syndicat professionnel de la critique de théâtre, de musique et de danse
Les Philosophes de Josef Nadj se fonde sur l’univers, la vie et l’œuvre, de Bruno Schulz.
LES « PHILOSOPHES »
Ce pourrait être un banquet platonicien. Ils sont cinq, c’est-à-dire quatre, réunis autour d’une figure centrale – détenteur de la connaissance, expérience, vérité ou loi -, figure du maître, figure du père. Ils sont cinq, quatre et un philosophes, tendus par un même désir, une même intention qui est quête du sens et de l’origine, quête d’un sens qui passe par le retour à l’origine. Et ils cherchent, «s’interrogent».
Philosophes-arpenteurs, essentialistes, exégètes du monde, explorateurs de la nature et expérimentateurs de la matière, alchimistes, bricoleurs, il ne leur manque que la parole… Aussi, c’est dans la pratique, dans le mouvement et l’action que s’opère leur quête.
Faire (aller, observer, agir) et comprendre – «métaphoriques», l’errance et les actes des «philosophes», bien que dénués de signification apparente, sont au contraire combles d’un sens qui les dépasse et qu’il leur faut retrouver.
CINQ HOMMES ENTRE EUX
Prégnance de la figure paternelle dans l’œuvre de Schulz. Dans Les Philosophes, c’est à la fois la question de la confrontation de l’homme à lui-même, à sa propre masculinité, et celle du rapport au père qui est ici abordée.
Comment échapper à la loi du père, comment la contourner pour devenir père soi-même et accéder sans médiation au Père originel ? Comment échapper au fatum, à la détermination de la succession linéaire du temps et des générations ?
Selon des voies et sous des couleurs à chaque fois différentes, la question de l'origine et de son mystère traverse toute l'œuvre de Josef Nadj. Dans Les Philosophes, elle fait l'objet d'une quête menée par cinq hommes – quatre fils, apprentis ou disciples, réunis autour de la figure tutélaire d'un Père ou d'un Maître.
Cependant, pour spirituelle que soit cette quête, c'est de « philosophie pratique » dont il s'agit ici : les expériences auxquelles se livrent nos cinq philosophes portent en effet sur des matériaux concrets, quand ce n'est pas sur la Nature elle-même. Et elles relèvent davantage du faire que de quelque spéculation intellectuelle. Ce sont, entre autres épreuves ou rituels drolatiques et mystérieux, l'exploration d'un champ d'herbes hautes, l'arpentage d'une clairière détrempée par la pluie, le sondage d'un étang, l'observation de la trace laissée par la bave d'un escargot géant, la scrutation de l'iris d'un hibou grand-duc posté derrière une porte en pleine forêt, l'analyse d'un lambeau d'image sur le mur d'une maison en ruines, la transmutation d'une flaque d'eau en tétraèdre de glace, l'écoute du vent, d'une musique au loin ou du bercement produit par l'affolement d'une mouche hypertrophique derrière un carreau… Ce sont une oraison funèbre, des empilements de rocs ou de branchages, des corps à corps avec ou sans arbitre, l'animation de chapeaux dans un grenier encombré, l'essayage de masques de toute sorte, la fabrication délicate d'un petit mannequin de bois et de charpie, ou encore l'embouchure synchrone de quatre clairons muets…
Dédiés à l'artiste et écrivain juif polonais Bruno Schulz (Drohobycz, Galicie, 1892-1942) et inspirés par son univers, ces Philosophes se déroulent dans trois espaces-temps distincts, et recourent, dans chacun, à trois média différents : une exposition de tableaux, une projection filmique, enfin une performance scénique qui a lieu au cœur d'un dispositif concentrique où le spectateur est progressivement entraîné.
Myriam Blœdé
Né à Drohobycz (Galicie) en 1892, Bruno Schulz a vécu toute sa vie dans sa ville natale où il enseignait le dessin. Enfermé dans le ghetto de Drohobycz, il est tué le 19 novembre 1942, d'une balle dans la nuque, tiré par un soldat S.S.
D'abord peintre, graveur, dessinateur, c'est par la littérature que Schulz accède, de son vivant, à la reconnaissance : il obtient, en 1938, le Laurier d'or de l'Académie polonaise de littérature pour deux recueils de récit, Les Boutiques de cannelle (1934) et Le Sanatorium au croque-mort (1937). Outre des deux volumes, ne subsiste aujourd'hui qu'une partie de l'oeuvre de cet auteur prolifique (correspondance, essais critiques et oeuvres de fiction), considéré comme l'un des écrivains majeurs du XXe siècle. Nombre de ses écrits ont été perdus, détruits, dispersés, dans la tourmente de la Deuxième Guerre mondiale.
Extraits
« Le mot n'est plus aujourd'hui qu'un fragment, un rudiment d'une ancienne et intégrale mythologie.
(...) il tend vers des milliers de combinaisons; tels les morceaux écartelés du serpent légendaire qui se cherchaient dans les ténèbres. (...) dès que le mot libéré de la contrainte est laissé à lui-même et rétabli dans ses propres lois, il se produit en lui une régression : il tend alors à se compléter, à retrouver ses liens anciens, son sens, son état primordial dans la patrie originelle des mots – et c'est alors que naît la poésie.
La poésie, ce sont des courts-circuits de sens qui se produisent entre les mots, c'est un brusque jaillissement des mythes primitifs. »
Bruno Schulz, "La mythification de la réalité", Les Boutiques de cannelle
« Une des particularités de mon existence est que je me nourris de métaphores, que je me laisse très facilement entraîner par la première métaphore venue. M’étant ainsi trop avancé, je dois me rappeler en arrière, reprendre lentement, difficilement mes esprits. »
Bruno Schulz, "La solitude", Le Sanatorium au croque-mort
« Le Livre… Jadis, au petit matin de mon enfance, à la première aube de ma vie, sa douce lumière éclairait l’horizon. Il reposait glorieux sur le bureau de mon père qui, plongé en lui, frottait en silence, patiemment, d’un doigt humecté de salive le dos des feuilles jusqu’à ce que le papier aveugle s’embrumât, se brouillât, réveillât le troublant pressentiment (…).
Parfois mon père se détachait du Livre et s’éloignait. Je restais seul, alors le vent traversait les pages et les images se levaient.
(…) C’était il y a très longtemps. A cette époque ma mère n’était pas encore là. Je passais mes journées seul avec mon père, dans notre chambre grande comme le monde. »
Bruno Schulz, « Le Livre », Le Sanatorium au croque-mort
« Les faits ordinaires sont alignés dans le temps, enfilés sur son cours comme des perles. Ils ont leurs antécédents et leurs conséquences, qui se poussent en foule, se talonnent sans cesse et sans intervalle.
Mais que faire des événements qui n’ont pas leur place définie dans le temps, des événements arrivés trop tard (…) et qui restent sur le carreau, non rangés, suspendus en l’air, sans abri, égarés ?
Le temps serait-il trop exigu pour contenir tout ce qui se passe ? Peut-il arriver que toutes les places du temps soient prises ? Préoccupés, nous courons le long de tout ce train d’événements, nous apprêtant au voyage. »
Bruno Schulz, « L’époque du génie », Le Sanatorium au croque-mort
« Nos créatures (…) auront des rôles courts, lapidaires, des caractères sans profondeur. C’est souvent pour un seul geste, pour une seule parole, que nous prendrons la peine de les appeler à la vie. (…) nous ne mettrons pas l’accent sur la durée ou la solidité de l’exécution, et nos créatures seront comme provisoires, faites pour ne servir qu’une seule fois. »
Bruno Schulz, « Traité des mannequins ou le seconde Genèse », Les Boutiques de cannelle
« L’esprit de la nature est au fond un grand conteur. C’est lui qui est la source des fables, des romans et des épopées. (…) Il suffisait de tendre ses filets sous le ciel chargé de fantômes, de ficher en terre un mât que le vent faisait chanter, et bientôt autour de son sommet des lambeaux de romans pris au piège battraient des ailes.
Nous avions décidé (…) de créer un nouveau principe de vie, de recommencer le monde (…).
Ce devait être une citadelle, une place fortifiée dominant la région, à la fois rempart, théâtre et laboratoire de visions. La nature tout entière devait être attirée dans son orbite. Comme chez Shakespeare, le théâtre se confondait avec la nature dont rien ne le séparait, il était enraciné dans la réalité, ses éléments lui donnaient impulsions et inspirations, son rythme était celui de la marée basse et de la marée haute des circuits naturels. »
Bruno Schulz, « La république des rêves », Les Boutiques de cannelle
« Tout déborde ses propres limites, dure un instant sous une forme donnée pour l’abandonner à la première occasion. Dans les mœurs, les comportements de cette réalité, apparaît un principe, celui d’une mascarade universelle. La réalité prend certaines formes uniquement par jeu. Quelqu’un est homme, quelqu’un d’autre cafard, mais aucune de ces formes n’atteint l’essence, elles ne sont qu’un rôle momentanément adopté, une peau qui sera bientôt rejetée. On pose ici le monisme de la matière pour laquelle les objets ne sont que des masques. La vie de la matière consiste à user une quantité infinie de masques, et l’essentiel de la vie, c’est cette circulation des formes. C’est pourquoi la matière dégage une aura d’ironie universelle : c’est l’atmosphère des coulisses où les acteurs débarrassés de leurs costumes rient aux larmes de leurs rôles pathétiques ou tragiques. »
Bruno Schulz, "Lettre à S.I. Witkiewicz", Correspondance et essais critiques
Dates passées :
14-16 mai 2009
MC2
Grenoble (FR)
3-6 novembre 2007
Uniter
Bucarest (RO)
28-30 octobre 2006
Teatr Dramatyczny
Varsovie (PL)
28 mars – 7 avril 2006
Lapostrophe
Gonesse (FR)
4-8 octobre 2005
Dance Umbrella
Londres (UK)
11-19 juin 2004
Le Lieu Unique
Nantes (FR)
1-5 juin 2004
Le Volcan
Le Havre (FR)
19-23 mai 2004
ATER, Teatro La cavallerizza
Reggio Emilia (IT)
16-18 septembre 2003
Bitef Theatre
Belgrade (RS)
19 mai – 7 juin 2003
Théâtre de la Ville
Paris (FR)
10-25 octobre 2002
Scène Nationale d’Orléans
Orléans (FR)
24-28 septembre 2002
Concertgebouw
Bruges (FR)
6-24 juillet 2002
Festival d’Avignon, Château Blanc
Avignon (FR)
5-7 décembre 2001
Palais des Festivals
Cannes (FR)
Petit psaume du matin
Chorégraphie
Josef Nadj
Interprétation
Dominique Mercy, Josef Nadj
Musique
Musiques traditionnelles du Cambodge, Macédoine, Roumanie, Egypte, Hongrie, Michel Montanaro : extrait de Maria, Igor Stravinsky Tango – Editions Alphonse Leduc et Compagnie
Lumières
Rémi Nicolas
assisté de Xavier Lazarini
Costumes
Bjanka Ursulov
Coproduction
Centre chorégraphique national d’Orléans, Biennale de Venise, Théâtre de la Ville – Paris
Création
Biennale de Venise, 28 septembre 2001
Une partie de ce spectacle a été créée au Festival d’Avignon 1999 dans le cadre du Vif du Sujet – Société des Auteurs Compositeurs Dramatiques (SACD)
Soutien
Ce spectacle a reçu le soutien combiné de la Résidence Sainte-Cécile, Orléans et de la Société générale pour sa reprise en 2015
Durée
1h
Prix
Grand prix de la critique 2001- 2002 Palmarès danse par le Syndicat professionnel de la critique de théâtre, de musique et de danse.
« Mon esprit pense à mon esprit.
Mon histoire m’est étrangère.
Mon nom m’étonne et mon corps est idée.
Ce que je fus est avec tous les autres.
Et je ne suis même pas ce que je vais être. »
Paul Valéry
Pièce intimiste, empreinte de douceur et de connivence, Petit psaume du matin porte la trace des circonstances qui ont entouré sa création. Projetée d’abord comme un solo, cette pièce est, en effet, le fruit d’une commande passée à Josef Nadj par Dominique Mercy, danseur d’exception et compagnon de route de Pina Bausch. Mais, au cours des répétitions, Nadj a très tôt éprouvé le désir de sortir du strict rôle de chorégraphe qui lui était imparti pour danser aux côtés de son « commanditaire »… Et c’est ainsi que le solo initial est devenu duo.
Né de la confrontation entre les deux hommes, nourri par le dialogue qui s’est instauré entre eux, Petit psaume du matin traite précisément de la figure du double et de l’expérience du partage. Y sont évoqués les ressemblances, les possibles points d’identification entre Dominique Mercy et Josef Nadj – leurs expériences de danseur, leurs goûts communs pour le voyage ou le théâtre oriental, par exemple. Mais, plus encore, ce qui fonde leur relation : leur complémentarité – manifeste dans la physicalité de chacun et dans leur manière respective de danser, fluide et aérienne pour l’un, plus terrienne, enracinée pour l’autre – et leur intelligence réciproque, cette capacité à s’entendre et à échanger au-delà de ce qui les différencie – compréhension mise en jeu dans un étonnant dialogue en vingt-quatre langues.
Hymne à l’amitié et récit d’une rencontre, d’une amitié naissante, ce duo aborde enfin la question de la maîtrise acquise par la pratique, mais aussi, du même coup, le vieillissement du corps du danseur. En ce sens, Petit psaume du matin est une pièce de la maturité.
Myriam Bloedé
Lorsque Dominique Mercy, danseur fétiche de Pina Bausch, passe commande à Josef Nadj de Petit psaume du matin, la pièce est tout d’abord envisagée comme un solo. Mais les circonstances de la rencontre en décideront autrement. Nadj devine dans la relation naissante les contours d’une connivence à explorer sans attendre. Le solo devient donc duo, comme une évidence. Grands voyageurs - chacun de son côté mais pas chacun pour soi -, les deux hommes se fraient, chemin faisant, une virée commune qui abolit les frontières sur l’espace du plateau. Alors que la musique s’achemine d’Europe de l’Est au Cambodge en passant par l’Egypte, le temps défile, des premiers jours d’une vie partagée aux derniers instants. Aussi complémentaires que dissemblables, Nadj et Mercy envisagent ce qui les distinguent et ce qui les relie comme le font tous ceux qui veulent apprendre à se découvrir – un processus d’apprentissage qu’ils traversent en une série de rituels mystérieux, toujours empreints d’une infinie douceur. Josef Nadj : “Il s’agit de prendre l’être même de l’autre comme un trésor fragile et précieux, qu’il faut protéger.”
Des pèlerins enchanteurs, bourlingueurs d’espaces imaginaires.
L’un et l’autre sont des pèlerins enchanteurs, bourlingueurs d’espaces imaginaires, compagnons du tour des rêves, artisans des chansons de gestes. Ils colportent sur scène la fable sans cesse recommencée d’une humanité espiègle qui ne saurait habiter ce monde sans continuer à en nourrir la sève poétique. Un jour, les chemins de ces deux voyageurs d’intensités viennent à se croiser. Leur lieu de rendez-vous ne pouvait être mieux nommé : Au Vif du Sujet. Sous cet intitulé, Festival d’Avignon et SACD proposent à des danseurs de choisir un(e) chorégraphe pour leur composer une chorégraphie en solo. C’est ainsi que Dominique Mercy et Josef Nadj en sont venus à faire halte commune, prêts à l’échange plutôt qu’à la confrontation, mûrs pour donner corps à la rencontre curieuse de leurs nomadismes respectifs.
Comment les qualifier ? Josef Nadj est un fabricant de lanternes magiques, un architecte des fantasmagories, un chaman d’images. Depuis un Canard pékinois de fameuse saveur, il redistribue les fantômes de son enfance slavo-hongroise dans la veine malicieusement burlesque d’un théâtre insomniaque.
Dominique Mercy, lui est un feu follet, un lutin mélancolique, à la fois clown lyrique et tragédien au coeur d’enfant. Dans la moisson de spectacles qu’offre Pina Bausch depuis ses débuts au Tanztheater de Wuppertal, il est l’épi de blé qui tient le sol, saison après saison.
La “commande” initiale d’un solo a vite pris la tournure d’un duo.
Dominique Mercy et Josef Nadj avaient sans doute suffisamment d’estime réciproque pour ne pas avoir à s’épater l’un l’autre. Et au bonheur de cette rencontre, la “commande” initiale d’un solo a vite pris la tournure d’un duo. En essayant, ensemble, quelques propositions de mouvement dans le studio de répétition, l’échange en lui-même est devenu le coeur de cette démarche de création.
Souvenirs de voyages, comme autant de carnets de route dont les pages se compléteraient ; attrait commun pour certaines cultures et pour des formes de spectacles qui en sont le reflet : dans l’espace de leur rencontre, Josef Nadj et Dominique Mercy ont fait graviter la proximité éprouvée dans un art du lointain. Le corps est le bagage du danseur. Là sont déposées des sensations, des saveurs, des architectures secrètes. Qui d’autre saurait trouver, dans la mémoire vive des gestes et des attitudes, d’étranges affinités avec des figures mi-humaines, mi-animales issues de dessins celtiques, avec des postures de lutte puisées dans des gravures d’ancienne Egypte, ou encore avec la grâce d’un acteur de kabuki ? Quelle est donc la réalité des frontières ? La fable n’abolit pas les distances, elle en joue élastiquement. Josef Nadj et Dominique Mercy peuvent alors inventer leur propre kabuki, retrouver avec un simple voile l’essence du théâtre masqué, découvrir des jambes colorées comme dans un mystérieux rituel initiatique, se demander “comment ça va” dans une vingtaine de langues différentes et, navigant aussi librement dans l’espace du monde, composer une cosmogonie errante. S’ils semblent, à certains moments, danser isolément dans le rêve de l’autre, c’est pour mieux reprendre le voyage de l’échange, une fois délesté des archétypes qui ont jusqu’à ce jour façonné leur danse.
Leur duo s’appelle Petit psaume du matin. Du jour qui se lève, il a la fraîcheur et la tendre clarté.
Du recueillement de la prière, il a la sérénité dépouillée.
Frères de danse, Josef Nadj, Dominique Mercy, l’un avec l’autre s’épousent dans l’équilibre d’appuis qui se transforment parfois en “portés” d’une très grande délicatesse. “Il s’agit, précise Josef Nadj, de prendre l’être même de l’autre comme un trésor fragile et précieux, qu’il faut protéger. C’est un signe d’extrême attention par rapport à cet engagement d’aller vers l’autre.” …
Jean-Marc Adolphe
Disponible en tournée
Dates passées :
21 mai 2017
Théâtre Yihai, Festival Croisements
Shanghai (CN)
26, 27 mai 2017
Grand Théâtre, Festival Croisements
Harbin (CN)
29, 30 mai 2017
Grand Théâtre, Festival Croisements
Tianjin (CN)
18-23 juillet 2016
Festival Paris Quartier d’été
Paris (FR)
24-25 novembre 2015
Scène Nationale d’Orléans
Orléans (FR)
15 décembre 2008
CDC La termitière
Ouagadougou (BF)
17 septembre 2008
Festival Biarritz culture
Biarritz (FR)
26-27juin 2008
Festival Damascus 2008
Damas (SY)
23-24 novembre 2007
CCN de Roubaix
Roubaix (FR)
4 août 2007
Xe Encuentro International de Teatro Del Cuerpo
Léon (MEX)
1er aout 2007
Xe Encuentro International de Teatro Del Cuerpo
Mexico DF (MEX)
27 juillet 2007
Xe Encuentro International de Teatro Del Cuerpo
Pachuca (MEX)
11 mai 2007
Théâtre d’Arles
Arles (FR)
17 avril 2007
Dionysos Théâtre de Cahors
Cahors (FR)
12 avril 2007
Théâtre d’Angoulême
Angoulême (FR)
30 mars 2007
Teatro Viriato Viseu
Viseu (PT)
28 mars 2007
Quarta Parede
Guarda (PT)
23-24 mars 2007
Centro Cultural de Belem
Lisbonne (PT)
21 mars 2007
Centre Coreografico de Montemar-O-Novo
Evora (PT)
14-15 mars 2007
Scène nationale de Poitiers
Poitiers (FR)
3-4 juin 2006
Peireos 260
Athènes (GR)
11 octobre 2005
Festival de Otono
Madrid (ES)
12 avril 2005
Espace Albert Camus
Lyon (FR)
5-6 avril 2005
Comédie de Clermont-Ferrand
Clermont-Ferrand (FR)
4-5 mars 2005
Künstlerhaus Mousonturm
Frankfurt (DE)
18 janvier 2005
Le Phoenix Théâtre de Valenciennes
Valenciennes (FR)
5-7 janvier 2005
Théâtre de Nîmes
Nîmes (FR)
27 octobre 2004
ATER Teatro DUE
Parme (IT)
17-18 février 2004
Théâtre 2140
Bruxelles (BE)
26-28 mars 2003
Théâtre Garonne
Toulouse (FR)
18-22 mars 2003
Le Volcan
Le Havre (FR)
14-15 mars 2003
CNCDC
Châteauvallon (FR)
11 mars 2003
Halle aux Grains
Blois (FR)
8 mars 2003
Art Danse Bourgogne
Beaune (FR)
1er mars 2003
Danse à Lille, Théâtre du Nord
Lille (FR)
25-26 février 2003
Pôle Sud, Théâtre de Strasbourg
Strasbourg (FR)
19-21 février 2003
Maison de la Culture de Loire-Atlantique
Nantes (FR)
15 février 2003
Teo Otto Theater der Stadt
Remscheid (DE)
11-12 février 2003
Hebbel Theater
Berlin (DE)
7-10 mai 2002
De Singel International Kunstcentrum
Anvers (BE)
7-13 janvier 2002
Scène Nationale d’Orléans
Orléans (FR)
18-30 décembre 2001
Théâtre de la Ville, Les Abbesses
Paris (FR)
22 octobre 2001
Tanztheater Wuppertal Opernhaus
Wuppertal (DE)
28-30 septembre 2001
Biennale de Venise, Teatro Piccolo Arsenale
Venise (IT)
22-30 Juillet 1999
Festival d’Avignon, Vif du sujet
Avignon (FR)
Le Temps du repli
Chorégraphie
Josef Nadj
Interprétation
Josef Nadj et Cécile Thiéblemont
Musique
Vladimir Tarasov
Lumières
Raymond Blot
Costumes
Bjanka Ursulov
Production
Centre Chorégraphique National d’Orléans
Avec le soutien du
Carré Saint-Vincent, Scène nationale d’Orléans
Création
Scène nationale d’Orléans, 26 novembre 1999
Durée
1 h
“Aimer c’est peut-être apprendre à marcher dans ce monde.
Apprendre à nous tenir tranquilles comme le chêne et le tilleul de la fable.
Apprendre à regarder.
Ton regard est comme un semeur.
Il a planté un arbre.
Je parle parce que tu fais trembler les feuilles.”
Octavio Paz
Premier duo chorégraphié par Josef Nadj pour Cécile Thiéblemont et lui-même, Le Temps du repli délaisse la littérature sur laquelle se fondaient toutes les créations précédentes pour s’aventurer sur un territoire beaucoup plus intime, celui des relations entre un homme et une femme. Portant sur l’amour, sa plénitude, et ses tourments surtout, la pièce forme un diptyque avec un autre duo créé la même année : Petit psaume du matin, qui traite pour sa part de l’amitié entre hommes. Pour Nadj en effet, entre deux hommes le dialogue peut immédiatement s’engager, alors qu’«avec la femme, toutes les questions simples sont à reposer».
«Le couple contient la potentialité de tous les drames parce qu’il est porteur d’une culpabilité originelle : quelque chose s’est brisé dans le couple primordial de la Genèse». Ainsi, Le Temps du repli se fait l’écho d’«une langue archaïque, cette langue oubliée à travers laquelle l’homme et la femme parlaient autrefois». En laissant surgir de leur mémoire des bribes de ce langage sans toujours le comprendre eux-mêmes, l’homme et la femme vont d’abord apprendre à se regarder, à se comprendre l’un l’autre, puis tenter de «recoller les morceaux», de reconstruire leur rapport, comme possibilité.
Sa création, Le Temps du repli, présentée actuellement à Orléans visible en février à Paris, au théâtre de la Bastille , évite toute référence littéraire, contrairement aux trois spectacles précédents. Josef Nadj a replié les battants de sa baraque sur le duo, histoire de mettre provisoirement à distance le propos scénique et la mise en scène ils occupent une grande place dans ses pièces , pour se concentrer sur la danse, la circulation du mouvement entre deux corps.
Souvent chez Nadj, les éléments du décor ont fonction d'accessoires, presque de partenaires. Ici, si parfois une danse est juchée sur la table, si les corps reposent en tension sur les deux chaises, ils gardent une utilisation quasi quotidienne. Par exemple, les appuis des danseurs n'en sont pas transformés, ils sont la plupart du temps au sol ou d'un corps à l'autre dans l'équilibre ou le transfert des poids.
Le couple n'est pas fusionnel. Josef Nadj et Cécile Thiéblemont évoluent d'une manière autonome, comme la danse par rapport aux percussions de Vladimir Tarasov. Le duo échappe au pas de deux harmonieux, aux furieux élans de certains duos contemporains, à bout de souffle. Constamment sur scène, les interprètes ont à gérer le temps qui leur est compté (une heure de spectacle). Leur rapport est fluctuant: absence de l'un à l'autre, corps à corps comme prise de bec, danse à deux comme une vieille danse de salon" Ce qui les sauve du repli annoncé dans le titre, c'est qu'ils n'ont rien à se dire, rien à dire non plus, en tout cas rien d'exceptionnel, qui ne relève du drame originel. Ils ne font que fonctionner, relayés parfois par le musicien qui a le sens de l'improvisation. Et dès que l'histoire pourrait commencer, ils s'en débarrassent, la reportant sur deux petits personnages dessinés à la craie au tableau, sur un jeune quartier-maître mourant la tête fracassée sur un bateau sans revoir sa blonde et, surtout, sur deux poupées (leur double) qu'ils promènent tout d'abord dans leur dos, puis au bout d'un bâton. Le Temps du repli est une danse pour deux, intime et ouverte sur la musique et l'espace.
Marie-Christine Vernay – Libération – 30 novembre 1999
« Vu par le chorégraphe Josef Nadj, le couple est un jeu merveilleux. Jeu de fine stratégie où les deux partenaires mettent en œuvre toutes les ressources de leur imagination pour renouveler les figures de l’amour, débusquer l’autre dans ses retranchements et arracher à la routine une chance d’avenir. Fût-il tragique. Mais la bagatelle en vaut la chandelle, jubilatoire dans ses plus infimes détails. Les yeux dans les yeux et pied à pied, ce pas de deux, le premier conçu par Nadj en dix ans de travail, s’intitule Le Temps du Repli. Interprété par Cécile Thiéblemont et Josef Nadj lui-même, il est accompagné par le percussionniste Vladimir Tarasov, dont le talent subtil ajoute au piment du duo.
Dans ce repli, il n’est pas question de répit mais d’une lutte permanente où l’homme et la femme tentent d’échapper à la malédiction qui plombe le couple. Contre l’asservissement, la condamnation de l’un par l’autre, ils tentent de bâtir une relation d’égal à égal, semant sous leurs pas mille et un défis qu’ils relèvent au quart de tour dans l’humour. Sonore, gestuelle, plastique, musicale, l’invention de ce Temps du Repli ne tarit pas pendant une heure de spectacle. »
Le Monde – Février 2000
Dates passées :
21 novembre 2005
Alliance Française de Bangalore
Bangalore (IN)
19 novembre 2005
Alliance Française de Madras
Madras (IN)
16 novembre 2005
Alliance Française de Calcutta
Calcutta (IN)
14 novembre 2005
Alliance Française de Bombay
Bombay (IN)
11 novembre 2005
Alliance Française de Ahmedabad
Ahmedabad (IN)
8 novembre 2005
Alliance Française de New Dehli
New Dehli (IN)
24 mars 2005
Centre des arts pluriels
Luxembourg (LUX)
20 mars 2005
Association pour la gestion et l’animation du théâtre Morlaix (FR)
17 mars 2005 – Espace pluriels
Pau (FR)
15-16 mai 2004
Projects Arts Centre, Festival de Dublin
Dublin (IRL)
10-11 mai 2004
European Spring Festival – Arkhangelsk Regional Youth Theatre
Arkhangelsk (RU)
21 février 2004
Théâtre de Vanves
Vanves (FR)
30 janvier 2004
L’Allan Scène nationale de Montbéliard
Montbéliard (FR)
14-15 novembre 2003
CNCDC de Châteauvallon
Châteauvallon (FR)
10 octobre 2003
ATER Teatro di Chisasso
Chisasso (CH)
6-7 octobre 2003
Festival Dance Umbrella
Londres (UK)
9-10 septembre 2003
ATER Teatro Gobetti
Turin (IT)
10 janvier 2003
ATER Teatro Comunale
Casalmaggiore (IT)
19-20 novembre 2002
Centre Meyerhold Centre Culturel Français de Moscou
Moscou (RU)
15 novembre 2002
Théâtre Liteiny Institut Français de Saint Petersbourg
Saint Petersbourg (RU)
28 mai 2002
D’Jazz Nevers, Maison de la Culture de Nevers
Nevers (FR)
18 avril 2002
La Tannerie
Château-Renault (FR)
16 avril 2002
Théâtre de Chartres
Chartres (FR)
15-16 mars 2002
Le Toboggan
Décines (FR)
1er mars 2002
Scène nationale de Bar-le-Duc
Bar-le-Duc (FR)
26 février 2002
Espace Jean Legendre Théâtre de Compiègne
Compiègne (FR)
20 octobre 2001
La Fabrique
Meung-sur-Loire (FR)
12-13 octobre 2001
Balleteatro Auditorio
Porto (PT)
15-21 juillet 2001
Chapelle des Pénitiens Blancs Festival d’Avignon
Avignon (FR)
6 juillet 2001
Écuries de Rivaulde
Salbris (FR)
10-11 avril 2001
Forum Meyrin
Genève (CH)
21-22 mars 2001
Danse à Lille Théâtre du Nord
Lille (FR)
9 mars 2001
Stadsschouwburg Brugge
Brugge (BE)
7 mars 2001
Cultureel Centrum Warande
Turnhout (BE)
23-25 février 2001
ATER Teatro delle passioni
Modena (IT)
20 février 2001
Maison de la Culture Loire-Atlantique
Nantes (FR)
16-17 février 2001
Centre culturel Jean Gagnant
Limoges (FR)
15 février 2001
Théâtre des 7 Collines
Tulle (FR)
6 février 2001
Théâtre Kalliste
Ajaccio (FR)
26 janvier 2001
Institut Français
Meknes (MA)
23 janvier 2001
Institut Français
Marrakech (MA)
20 janvier 2001
Institut Français / Théâtre National Mohamed V
Rabat (MA)
17 janvier 2001
IInstitut Français/ Complexe Touria Sekkat
Casablanca (MA)
19-20 décembre 2000
Bonlieu Scène nationale d’Annecy
Annecy (FR)
2-3 décembre 2000
Scène nationale d’Orléans
Orléans (FR)
4 novembre 2000
Centre culturel français
Riga (LV)
31 octobre 2000
Centre culturel français
Tallinn (EE)
9-10 octobre 2000
SIDance Chayu Theatre
Séoul (KOR)
29-30 août 2000
Theater Festival Basel
Basel (CH)
22-23 août 2000
Göteborg Dans & Teater Festival
Göteborg (SE)
19 mai 2000
Institut culturel français Chypre
Nicoise (CY)
30-31 mars 2000
Isadora Danses au Centre
Vendôme (FR)
21-22 mars 2000
Pôle Sud
Strasbourg (FR)
1-5 février 2000
Théâtre de la Bastille
Paris (FR)
12 janvier 2000
Théâre d’Arras
Arras (FR)
2-9 janvier 2000
L’Esquisse CDN/CNDC d’Angers
Angers (FR)
26 novembre au 3 décembre 1999
Scène nationale d’Orléans (Création officielle)
Orléans (FR)
1er novembre 1999
Festival Temporada Alta Teatre de Salt
Girona (ES)
16 octobre 1999
Le Botanique
Bruxelles (BE)
1er-2 août 1999
Internationale Tanzwochen Sofiensäle
Vienne (AT)
21-22 mai 1999
Festival Ex Ponto Lutkovno Gledalisce
Ljubljana (SV)
7 mars 1999
International Festival Sarajevo
Sarajevo (HR)
4-6 janvier 1999
Trafo
Budapest (HUN)
26-27 octobre 1998
Centre culturel français
Vilnius (LT)
Les Veilleurs
Spectacle de Josef Nadj pour 12 interprètes, inspiré de l’œuvre de Franz Kafka.
Chorégraphie
Josef Nadj
Interprétation
Istvan Bickei, Denes Debreï, Samuel Dutertre, Peter Gemza, Mathilde Lapostolle, Nasser Martin-Gousset, Ivan Mathis, Josef Nadj, Laszlo Rokas, Jozsef Sarvari, Cécile Thiéblemont, Henrieta Varga
Musique originale
Mauricio Kagel – « Variété »
Durand S.A. Editions musicales
Lumières
Rémi Nicolas
assisté de Xavier Lazarini
Scénographie
Michel Tardif
assisté de Bertrand Terreyre
Costumes
Bjanka Ursulov
assistée de Ouria Khouhli
Peinture des décors
Jacqueline Bosson
Direction technique
Raymond Blot
Coproduction
Centre Chorégraphique National d’Orléans, Théâtre de la Ville – Paris, Théâtre Garonne – Toulouse, L’Hippodrome – Scène Nationale de Douai, Theater Der Stadt – Remscheid
Avec le soutien du
Carré Saint-Vincent – Scène Nationale d’Orléans
Avec le concours de
la Comédie de Saint Etienne – Centre Dramatique National
Création
Théâtre de la Ville – Paris, 1er octobre 1999
Durée
1h15
Prix
Le spectacle «Les veilleurs» a remporté le «Masque d’or» du meilleur spectacle étranger présenté en Russie pour l’année 2000
« A partir d’un certain point il n ’est plus de retour. C’est ce point qu’il faut atteindre. »
« Là-bas, il y a des gens ! Pensez donc, ils ne dorment pas !
– Et pourquoi donc ?
Parce qu’ils ne sont pas fatigués.
– Et pourquoi donc ?
Parce que ce sont des fous.
– Les fous ne sont-ils donc pas fatigués ?
Comment des fous pourraient-ils être fatigués ? »
Franz Kafka
C’est une pièce chorégraphique inspirée par l’œuvre de Kafka dans laquelle Nadj déploie son art de créer des univers qui évoquent un espace mental où le spectateur trouve un coin, comme les étranges personnages, pour rêver ou grommeler.
Univers noir, mécanique, où éléments de décors et hommes en chapeau de noir vêtus s’imbriquent les uns dans les autres, comme si les objets prenaient âme ou comme si les humains se faisaient objet, on ne sait.
Postures extravagantes des corps à l’horizontale ou recroquevillés dans des boîtes minuscules, bascules insensées, hommes-tables, femmes-nuages, accumulation de corps, tréteaux, ampoules nues, ombres portées, dans une baraque de kermesse de village les hommes en noir ricanants éveillent les spectres kafkaïens à travers château, terrier, tribunal. Le tout évoque un mécanisme d’horlogerie démoniaque.
« L’influence du monde de Franz Kafka est une évidence dans mon imaginaire. J'aime son écriture, son style. Je le revisite sans cesse », confie Josef Nadj.
Visions oniriques
Mais le directeur du Centre National Chorégraphique d'Orléans n'était jamais allé si loin dans l'exploration des thèmes kafkaïens que dans «Les Veilleurs». Douze interprètes (trois femmes, neuf hommes) dont lui-même danseront ce spectacle mardi prochain au Quartz de Brest. Accompagnés par la musique de l'Argentin Mauricio Kagel, les tableaux s'enchaînent, offrant leurs visions oniriques de thèmes puisés dans diverses oeuvres de l'auteur de «La métamorphose»: romans, nouvelles ou lettres. Qu'y voit-on ? Dans une sorte de décor forain des êtres prenant des postures extravagantes, hommes-tables, femmes-nuages... Josef Nadj se plaît à transformer en «objets» les corps de ses danseurs auxquels il demande d'adopter des attitudes impossibles et très souvent acrobatiques. Mais dans un univers de gestes saccadés, mécaniques, burlesques, dérisoires et fugaces comme un parfum, le grand chorégraphe d'origine hongroise glisse aussi des moments de grâce. Comme ce sublime pas de deux auquel il se livre avec Mathilde Lapostolle.
[...]
Le Télégramme - 3 janvier 2001
Dates passées :
12 mars 2004
Comédie de Caen
Hérouville-Saint-Clair (FR)
2 mars 2004
L’Odyssée
Périgueux (FR)
1er février 2003
La Faïencerie
Creil (FR)
29 janvier 2003
Théâtre du Muselet
Châlons-en-Champagne (FR)
13-16 juin 2002
National Theatre
Taipei (TW)
9-10 avril 2002
Teatr Muzuczny
Prague (CZ)
4 avril 2002
Palais national de la Culture
Sofia (BG)
31 mars 2002
Centre Culturel français
Novi Sad (SRB)
26-27 mars 2002
Madach Shinhaz
Budapest (HUN)
6 mars 2002
L’Arsenal
Metz (FR)
16-17 février 2002
Le Bateau Feu
Dunkerque (FR)
30 janvier 2002
Le Moulin du Roc
Niort (FR)
14-16 septembre 2001
Teatro General San Martin
Buenos Aires (AR)
6 juin 2001
Rotterdamse Schouwbourg
Rotterdam (NL)
3-4 mai 2001
Kennedy Center
Washington (USA)
24-29 avril 2001
The Joyce Theater
New York (USA)
7 avril 2001
Théâtre en Dracénie
Draguignan (FR)
3 avril 2001
Maison de la culture Scène nationale de Bourges
Bourges (FR)
30 mars 2001
Espace Malraux Scène nationale de Chambéry
Chambéry (FR)
17 mars 2001
L’Espace 44
Nantes (FR)
12 janvier 2001
Le Volcan
Le Havre (FR)
9 janvier 2001
Le Quartz
Brest (FR)
5 janvier 2001
Stadsschouwbourg
Utrecht (NL)
14-15 décembre 2000
De Singel
Anvers (NL)
21 novembre 2000
Centre culturel Français
Volgograd (RU)
18 novembre 2000
Centre culturel Français
Saratov (RU)
14-15 novembre 2000
Centre culturel Français
Moscou (RU)
19 octobre 2000
Le Manège
Maubeuge (FR)
13-14 octobre 2000
Teatro Nazionale
Rome (IT)
26 septembre 2000
Schouwbourg
Tilburg (NL)
22 septembre 2000
Schouwbourg
Arnhem (NL)
26-28 août 2000
Ludwigsburger Schlossfestspiele
Ludwigsburg (DE)
2000
Theater Festival basel
Bâle (CH)
9 juin 2000
Bühne der Stadt Köln
Cologne (DE)
6 juin 2000
Schauspielhaus
Düsseldorf (DE)
2 juin 2000
Theater der Stadt
Remscheid (DE)
4-6 avril 2000
Théâtre national de Bretagne
Rennes (FR)
15 janvier 2000
L’Hippodrome
Douai (FR)
9-18 décembre 1999
Théâtre Garonne
Toulouse (FR)
7 décembre 1999
Le Parvis Scène nationale de Tarbes
Tarbes (FR)
23 novembre 1999
L’Equinoxe
Châteauroux (FR)
20 novembre 1999
Théâtre de Nîmes
Nîmes (FR)
25-29 octobre 1999
Théâtre national populaire
Villeurbanne (FR)
21-23 octobre 1999
Scène nationale d’Orléans
Orléans (FR)
28 septembre-9 octobre 1999
Théâtre de la Ville
Paris (FR)
Le Vent dans le sac
Spectacle de Josef Nadj pour 8 interprètes en hommage à Samuel Beckett
Chorégraphie
Josef Nadj
Interprétation
Istvan Bickei, Denes Debrei, Peter Gemza, Laurence Levasseur, Josef Nadj, Gyork Szakonyi, Henrietta Varga, Valéry Volf
Musique
Stevan Kovacs Tickmayer
Lumières
Rémi Nicolas
assisté de Xavier Lazarini
Scénographie
Goury
Costumes
Bjanka Ursulov
assistée de Lori Chardonnet
Coproduction
Centre Chorégraphique National d’Orléans, Théâtre Vidy-Lausanne ETE, Théâtre de la Ville -Paris, Les Gémeaux Scène Nationale – Sceaux
Avec le soutien du
Carré Saint-Vincent-Scène Nationale d’Orléans
Création
Théâtre Vidy-Lausanne, 2 décembre 1997
Prix
1er prix du public et de la critique pour la mise en scène au Festival International de Théâtre de Sarajevo « MESS » (1998)
Durée
1h25
« Cependant j’ai bon espoir, je le jure, de pouvoir un jour raconter une histoire, encore une, avec des hommes, des espèces d’hommes, comme du temps où je ne doutais de rien, presque. Mais d’abord il faut fermer la bouche et continuer de pleurer, les yeux bien ouverts, pour que le précieux liquide se perde librement, sans brûler les paupières, ou le cristallin, je ne sais plus, ce qui brûle. Tiens, serait-ce là le ton, et la teneur, tout bêtement des sanglots ? Ce serait trop beau. Du reste pas une larme, pas une, je risquerais plutôt de rire. Non plus. Grave, je serai grave, je n’écouterai plus, je fermerai la bouche et serai grave, c’est l’heure, elle est revenue. Et rouverte ce sera, qui sait pour dire une histoire, j’ai bon espoir, une petite histoire aux êtres vivants allant et venant sur une terre habitable bourrée de morts, une brève histoire, sous le va-et-vient du jour et de la nuit, s’ils vont jusque-là, les mots qui restent, j’ai bon espoir, je le jure. »
Samuel Beckett, Nouvelles et Textes pour rien
Joseph Nadj, chorégraphe contemporain hongrois parmi les plus doués de sa génération, présentait en janvier dernier, au théâtre Garonne, ses "commentaires d'Habacuc". Il revient pour donner Antichambre, le premier volet du "Vent dans le sac".
Né à Kanjiza, une province hongroise de l'ex Yougoslavie, Joseph Nadj est venu en France pour la première fois en 1980.
Son but était de perfectionner ses connaissances en mime tout en continuant à pratiquer les arts martiaux, mais il découvre la danse. Très vite, il partagera les univers de chorégraphes tels que Catherine Diverres ou François Verret, tout en mettant en route son propre travail. Dès 1987, il crée sa première pièce Canard Pékinois à partir de souvenirs de son village natal. Ses ballets suscitent d'emblée l'enthousiasme du public et une interrogation.
Son style est-il plus marqué par la danse, ou par le théâtre ? Huit autres chorégraphies suivront.
Le Vent dans le sac est la neuvième. Il s'agit ici d'un premier volet. Le second étant prévu pour 1999.
Le style de Nadj se situe à la croisée de la chorégraphie et du théâtre gestuel. Ses créations cultivent un climat délibérément onirique. A l'inverse de la danse abstraite dérivée des courants américains, il revendique la nécessité du conte. Il puise le plus souvent son inspiration dans la mémoire et l'inépuisable vivier de son enfance slavo-hongroise.
Le Vent dans le sac privilégie plus que de coutume le théâtre et la pantomime. Nadj essaie de rendre Beckett «visible» et lisible. Il évoque l'univers de Beckett à travers les deux clowns tristes d'En Attendant Godot : Vladimir et Estragon.
Qu'ils soient dotés de la parole ou muets et s'exprimant uniquement par le geste, ils épuisent leur temps de vie en actes absurdes et en prouesses inutiles.
Comme à l'accoutumée, chez Nadj, les objets et tous les jeux que l'on peut imaginer avec revêtent une grande importance.
Sacs de jute, sac matrice, corde, arbre, costumes noirs, tous ces accessoires sont présents dans le spectacle comme autant d'éléments de la syntaxe beckettienne. Nadj en fait le ressort de son invention artistique. Ces objets scandent les tableaux dont sont composés Antichambre et finissent par raconter une histoire à découvrir. Avec une touche de burlesque et d'absurde dont Nadj partage le secret avec Beckett, le chorégraphe restitue le climat propre à l'univers du dramaturge et fait de cet hommage qui n'a, paraît-il, rien de convenu ni de traditionnel, un très beau poème.
A.H. - La Dépêche - 21 avril 1998
Dates passées :
26-27 avril 2000
Scène nationale de Poitiers
Poitiers (FR)
7 mai 1999
Théâtre de l’Olivier
Istres (FR)
16 mars 1999
L’Espal
Le Mans (FR)
5 mars 1999
Théâtre Granit
Belfort (FR)
27 février 1999
Théâtre Feuillant
Dijon (FR)
11 décembre 1998
Le Fanal
Saint-Nazaire (FR)
23 octobre 1998
Festival Mess National Theatre Sarajevo
Sarajevo (CZ)
15-16 août 1998
Milenium Festival
Saint Jacques de Compostelle (ES)
10-12 août 1998
Theatro Nacionale D. Maria
Lisbonne (PT)
20-24 mai 1998
Théâtre Vidy
Lausanne (CH)
9 mai 1998
Teatro Victoria Eugenia
San Sebastian (ES)
24 avril 1998
L’Athanor Scène nationale d’Albi
Albi (FR)
21-22 avril 1998
Théâtre Garonne
Toulouse (FR)
9-10 avril 1998
Montpellier Danse Opéra Comédie
Montpellier (FR)
2 avril 1998
Halle aux Grains
Blois (FR)
25-29 mars 1998
Les Gémeaux
Sceaux (FR)
19-20 mars 1998
Le Cargo
Grenoble (FR)
24 février – 14 mars 1998
Théâtre les Abbesses
Paris (FR)
14-23 janvier 1998
Scène nationale d’Orléans
Orléans (FR)
2-21 décembre 1997
Théâtre Vidy
Lausanne (CH)
Les Commentaires d’Habacuc
Spectacle pour 10 interprètes en hommage à Jorge Luis Borges
Chorégraphie
Josef Nadj
Interprétation
Denes Debrei, Peter Gemza, Mathilde Lapostolle, Nasser Martin-Gousset, Ivan Mathis, Frank Micheletti, Josef Nadj, Cynthia Phung-Ngoc, Gyork Szakony, Valéri Volf
Musique
Stevan Kovac Tickmayer
Lumières
Rémi Nicolas
assisté de Raymond Blot
Scénographie
Goury
assisté de Jacqueline Bosson
Costumes
Suzanne Rippe
Direction technique
Raymond Blot
Construction décor
Granier Décor, Equipe technique du Carré Saint-Vincent – Orléans
Coproduction
Centre chorégraphique national d’Orléans, Theater der Stadt – Remscheid, Hebbel Theater – Berlin
Avec le soutien du
Carré Saint-Vincent, Scène Nationale d’Orléans et du Théâtre de la Ville-Paris
Création
Gymnase du lycée Aubanel – Festival d’Avignon, 11 juillet 1996
Prix
1er Prix « Danza & Danza » de la Critique, Italie (1996/1997)
« L’histoire de l’univers – et dans celle-ci nos vies et le plus ténu détail de nos vies – est le texte que produit un dieu subalterne pour s’entendre avec un démon.«
Jorge Luis Borges
Un conteur doit, en outre, situer ses personnages dans un espace déterminé. Ce fut, pour Jorge Luis Borges le labyrinthe, lequel acquit chez lui une valeur obsédante.
Réel ou métaphorique, moral ou intellectuel, il procure le lieu privilégié de nombreux récits. Dans la mythologie « redoutable », le labyrinthe est un piège où un monstre guette, aux détours d’un couloir, le héros égaré.
D’autre part, on peut présumer que le labyrinthe fut l’image du monde ; aussi la trace de l’existence humaine peut-elle être à son tour figurée par un labyrinthe de causes et d’effets.
Ma tâche aujourd’hui est de construire, avec l’aide des thèmes de Jorge Luis Borges (la nature du temps, l’infini, les réflexions sur l’origine des identités humaines) un labyrinthe poétique : objet d’un « ars combinaria », qui devient, au sens théâtral, une représentation.
Josef Nadj
Dates passées :
8 février 2003
Fondation Châteauvallon
Ollioules (FR)
14 novembre 2001
Tsukuba Capio
Tsukuba (JP)
9-11 novembre 2001
Setagaya Public Theatre
Tokyo (JP)
23-24 mars 2001
Le Colisée
Roubaix (FR)
4 août 2000
Festival Mimos Odyssée
Périgueux (FR)
13 avril 2000
Le Carreau Scène nationale de Forbach
Forbach (FR)
20-21 août 1999
Internationales Sommertheater
Hambourg (DE)
20 juillet 1999
Festival Danse à Aix-en-Provence
Aix-en-Provence (FR)
11-12 mai 1999
La Comédie de Clermont-Ferrand
Clermont-Ferrand (FR)
10 avril 1999
Théâtre Paul Eluard
Bézons (FR)
30 mars 1999
La Passerelle
Saint-Brieuc (FR)
26 mars 1999
Mediagora
Boulazac (FR)
23 mars 1999
IDDAC
Saint Médard (FR)
13 mars 1999
Espace Malraux
Joué-les-Tours (FR)
23-24 février 1999
Le Phénix
Valenciennes (FR)
20-21 novembre 1998
Association pour la danse contemporaine
Genève (CH)
4-5 juin 1998
Dansens Hus
Stockholm (SE)
29-30 mai 1998
Danseteatre Festspillene i Bergen
Bergen (NOR)
12-16 mai 1998
Théâtre Nationale Populaire
Villeurbanne (FR)
17 février 1998
Le Manège
Reims (FR)
29-31 janvier 1998
Théâtre Garonne
Toulouse (FR)
9-10 janvier 1998
Théâtre de l’Union
Limoges (FR)
18 octobre 1997
Théâtre Acad
Vilnius (LT)
14 octobre 1997
Institut Français d’Ukraine
Odessa (UA)
10 octobre 1997
Centre Culturel Français
Lasi (RO)
7 octobre 1997
Opéra National de Bucarest
Bucarest (RO)
2 octobre 1997
Centre Culturel Français
Ljubljana (SL)
29 septembre 1997
Théâtre national de Szeged
Szeged (HUN)
26 septembre 1997
Institut Français de Hongrie
Budapest (HUN)
4 juillet 1997
Bassbank et Baggerman
Amsterdam (NL)
3-4 juin 1997
Israël Festival
Jerusalem (IS)
30 avril-3 mai 1997
Theaterhaus Gessnerhalle
Zürich (CH)
22 mars 1997
La Ferme du Buisson
Marne-la-Vallée (FR)
4-15 mars 1997
Théâtre de la Ville
Paris (FR)
12-14 février 1997
Hebbel Theater
Berlin (DE)
31 janvier 1997
Espace Malraux
Chambéry (FR)
24-25 janvier 1997
De Singel
Anvers (BE)
7 décembre 1996
Theater Remscheid
Remscheid (DE)
27-29 novembre 1996
Scène nationale d’Orléans
Orléans (FR)
24 juillet 1996
Internationale Tanzwochen/Museumsquartier
Vienne (AT)
19 juillet 1996
Festival Bolzano Danza
Bolzano (IT)
11-16 juillet 1996
Festival d’Avignon
Avignon (FR)