Une série de cyanotypes de Josef Nadj

 

C’est en s’intéressant aux travaux précurseurs de la photographie de sir John Herschel et de William Henry Fox Talbot que la botaniste anglaise Anna Atkins utilise, pour la première fois, la technique primitive du cyanotype qui lui permet alors de documenter les feuilles et les fleurs des plantes qu’elle étudie. Nous ne sommes pas encore au milieu du XIXe siècle. Ces photogrammes sont obtenus sans système optique, en exposant sans intermédiaire l’objet à la lumière. Il suffit d’apposer simplement les spécimens végétaux entre le papier sensible et la source lumineuse, grâce à un processus d’impression qui a la particularité de donner des tirages monochrome d’un bleu sombre, d’une intense richesse visuelle.

 

L’été dernier [2015], en étudiant « la préhistoire » de la photographie, Josef Nadj découvre ces empreintes végétales aux nuances bleutées et décide de reprendre l’histoire là où elle s’était arrêté. Soit, à quelques exceptions près (Man Ray, Moholy-Nagy…), avec Atkins elle-même. Chaque nuit il se lève, bien avant le lever du jour, et part visiter les jardins publics, arpenter les rives de la Loire, les chemins de halage, pour se mettre en quête des espèces végétales qui l’interpellent sur son passage.

Ce retour aux sources de la photographie s’accompagne d’un fertile retour à la nature, d’une joyeuse célébration panthéiste, d’une expérience cardinale toujours à approfondir. Un jeu avec les états de la matière qui, en combinant les fibres, les lignes et les motifs, figure de nouvelles formes de vie. Dans ce bleu profond, quasi-mystique, qui dessine des ciels nouveaux entre bleu cyan et bleu de Prusse, Giotto et Yves Klein, c’est aussi à un rituel de passage entre deux mondes que l’on assiste, vient s’y éployer un lieu intériorisé, ni vraiment ici, ni tout à fait ailleurs, qui accompagne le mouvement de l’existence et dessine, chemin faisant, pour le chasseur-cueilleur comme pour le spectateur, un entêtant objet de méditation.

 

Jean-François  Ducrocq

Inhancutilitatem vu par Tiphaine Calmettes

Au CCN d’Orléans puis au Collège des Bernardins (Paris), le chorégraphe Josef Nadj expose ses cyanotypes. L’exposition Inhancutilitatem s’offre comme la première pièce d’un grand projet artistique qui se définit comme une quête du paradis perdu, un retour vers les origines du geste créateur. Mais également comme une étape fondamentale dans la carrière de cet artiste prolixe.

Dans la salle d'entrée du CCN d’Orléans, qui sert régulièrement de lieu d'exposition, des cyanotypes floraux bleus sont accrochés. Ils ont été réalisés par Josef Nadj, chorégraphe et directeur du lieu depuis 1995. Avant de choisir la danse, l’artiste a appris le graphisme, la composition plastique, les rythmes formels. Il n'a jamais cessé de dessiner bien au contraire, il s'amuse à changer de medium comme à découvrir de nouvelles techniques. Depuis quelques temps il se laisse aller à des expérimentations de procédés photographiques anciens, comme une quête de l'origine.

Il se fascine alors pour le bleu profond du cyanotype, « couleur de l'infini de l'espace ». Ce procédé consiste à recouvrir un support d'un mélange de produits photosensibles, poser un objet dessus et l'exposer à des rayons ultra-violets comme pour les photogrammes. Le produit n'ayant pas été exposé est éliminé à l'eau courante et révèle, en dégradé de teintes, la trace de l'objet exposé. Josef Nadj nous raconte qu’il a récolté un peu partout, au gré de ses promenades, les plantes ici exposées. Il les a choisies avec attention selon leurs qualités graphiques et les dispose de manière à créer une concentration rythmique : du mouvement. Cela fait un an qu'il dit « être dans cette folie ». « Tout est végétal » poursuit-il. Avec les plantes, Josef Nadj dessine l’image d’un paradis perdu, part à la recherche d’une harmonie à entendre et sur laquelle s’appuyer.

 

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Tiphaine Calmettes, Mouvement, 20 juillet 2016

Disponible en tournée.

 

 

Expositions passées :

 

17 janvier – 28 mars 2020

Fragments d’un paradis – Exposition collective

Galerie Camera Obscura 

Paris (FR)

 

4 octobre 2019 – 5 janvier 2020

Au Revoir ! – Les photographes d’origine hongroise en France – Exposition collective

Musée historique de Budapest 

Budapest (HU)

 

7 – 10 novembre 2019

Paris Photo – Exposition collective

Galerie Camera Obscura

Paris (FR)

 

30 juin – 3 novembre 2019

Flora Maxima – Exposition collective

Domaine de Kerguéhennec

Bignan (FR)

 

8 – 11 novembre 2018

Paris Photo – Exposition collective

Galerie Camera Obscura

Paris (FR)

 

7 septembre – 20 octobre 2018

Flores – Exposition collective

Galerie Camera Obscura

Paris (FR)

 

13-22 juillet 2018

Kalamata Dance Festival

Kalamata (GR)

 

22 mars – 29 mai 2018

Miraculorum

Galerie Camera Obscura

Paris (FR)

 

17 mai – 1er juillet 2017

Les Fragments d’un discours à venir

Maison des arts de Grand Quevilly

Grand Quevilly (FR)

 

18 novembre 2016 – 15 janvier 2017

Musée des Beaux-Arts

Orléans (FR)

 

21 juillet – 18 septembre 2016

Collège des Bernardins

Paris (FR)

 

29 avril – 29 juin 2016

Centre chorégraphique national

Orléans (FR)