Ces photos en couleur des dessous de la scène du théâtre Drama de Saratov (Russie), ont été réalisées par Josef Nadj durant la saison 2003-2004, alors qu’il travaillait à la chorégraphie d’un Penthésilée mis en scène par Alain Milianti, avec les élèves du Conservatoire dirigé par Anton Kouznetsov.

Opus de Saratov vu par Otto Tolnai

« […] Josef a plongé, maintes fois plongé sous la scène du théâtre de Saratov. Désormais, il n’y allait plus que pour ça. Il a plongé et il en a remonté son pesant Opus de Saratov. Les images mêmes de l’enfer.

[…] Il sait, Josef sait qu’il doit travailler tant qu’il ne trouve pas, tant qu’il ne saisit pas la lumière de ce monde absolument délabré, usé et insupportablement pauvre, sa splendeur quasi négative, absolument vidée, ce dépôt qui fait place à l’absolu. Et même un peu au-delà. Jusqu’à ce qu’il puisse nous présenter et exposer assez d’images pour un opus, il soit capable de délivrer ce labyrinthe composé de surfaces souillées et vétustes, encrassées de suie, enduites de goudron et de poix, mais en même temps élimées, infiniment corrodées, récurées, frottées, râpées, où toutes les portes sont closes, oui, délivrer tous ces coins,  ces escaliers, ces tuyaux en serpent-Laocoon. Comme autel de catacombes.

[…] En étudiant l’Opus de Saratov de Josef Nadj, cette lumière nous inonde nous aussi, oui,  en plongeant,  il a trouvé ces rayons obscurs et maintenant voilà, il a retiré des catacombes les archives d’un spectacle, du spectacle… Et mieux encore, c’est comme s’il en avait remonté une certaine musique.

[…] Josef m’a raconté, comme seul un homme de théâtre, un artiste du mouvement peut le faire, que dans l’un des ateliers des bas-fonds du théâtre, il avait vu un maître qui, avec beaucoup d’attention et de savoir-faire, redressait un clou. Ce qui ne devait pas être rien, quand sur le tableau n’étaient plus visibles que deux outils tronqués, quand même le fameux marteau qui croisait la faucille était introuvable, quand il n’y avait plus rien, oui, alors redresse un clou tordu, Mon Dieu, alors… Oui, depuis je ne peux plus me défaire de cette image, parfois même je suis tiré en sursaut de mes rêves, est-ce que ce maître réussira à redresser ce clou déformé, là-bas, dans les bas-fonds du théâtre de Saratov ?!  »

 

Otto Tolnai

Expositions passées :

 

17 novembre – 9 décembre 2016

Centre chorégraphique national d’Orléans

Orléans (FR)

 

28 juillet – 2 août 2014

L’Antre-Loup

Pithiviers-Le-Vieil (FR)

 

4-27 juillet 2006

Festival d’Avignon, Maison Jean Vilar

Avignon (FR)