Chorégraphie
Josef Nadj
Interprétation
Ivan Fatjo, Peter Gemza, Cécile Loyer, Josef Nadj
Musique
Akosh Szelevényi
Interprétée par
Robert Benko, Eric Brochard, Gildas Etevenard, Akosh Szelevényi
Lumières
Rémi Nicolas
assisté de Lionel Colet
Mise en son
Jean-Philippe Dupont
Construction décors et objets scéniques
Olivier Berthel, Clément Dirat, Julien Fleureau, Julien Brochard
Décoratrice, création accessoires
Jacqueline Bosson
Costumes
Françoise Yapo, assistée de Karin Wehner
Production
Centre chorégraphique national d’Orléans
Coproduction
Le Théâtre de la Ville – Paris, la Filature – Scène nationale de Mulhouse, l’Opéra de Lille
Soutien
Carré Saint-Vincent – Scène nationale d’Orléans
Création
Carré Saint-Vincent – Scène Nationale d’Orléans, 25 mars 2008
Durée
64 minutes
Prima la musica… Peut-être faut-il d’abord rappeler l’importance de la musique pour Josef Nadj : le rôle qu’elle a joué dans sa formation, la place déterminante qu’il lui a toujours accordée dans son oeuvre scénique, les compagnonnages au long cours qu’il a initiés avec des musiciens exceptionnels issus des musiques traditionnelles, du jazz et des musiques improvisées. Sa rencontre avec Akosh Szelevényi, musicien originaire comme lui de la Voïvodine région déchirée de l’ex-Yougoslavie, s’est faite en plusieurs temps. Cette nouvelle création en est le point d’orgue : « je ne veux pas, dit Nadj, que la musique s’aligne mais qu’elle participe d’emblée à la matière de l’événement. » Il s’agit pour le chorégraphe de réunir de bout en bout, dans un même espace de travail et de création, la musique et la danse, les musiciens et les danseurs. Élaborer la chorégraphie dans et avec la présence physique constante des musiciens et de leurs instruments. Et réciproquement, inscrire dans la recherche même du tissu sonore, la présence active des corps des danseurs.
Indépendamment de ses partenaires et collaborateurs, l’« interlocuteur » que Josef Nadj a choisi et le territoire sur lequel il a décidé de s’aventurer pour sa prochaine création, ne sont pas un écrivain (ou un artiste) et son univers, mais l’une des oeuvres fondatrices de la civilisation et de la sagesse chinoises, qui est à la fois mode de pensée, vision du monde et de la vie, et tentative de saisie, d’appréhension et de compréhension de la totalité : il s’agit du Yi King ou Livre des transformations – ouvrage composite et collectif, qui s’est élaboré au cours des siècles.
Le socle, le « texte » premier du Yi King consiste en soixante-quatre hexagrammes (ou figures, composées chacune de six traits positifs ou négatifs) attribués au légendaire Fo Hi, qui proposent, à partir d’éléments concrets, une représentation globale et hyperstructurée de l’univers dans son infinie diversité. Cette représentation est gouvernée par le principe selon lequel tout change constamment – selon lequel, autrement dit, chaque figure est susceptible en permanence de muter, se transformer ou se convertir en une autre figure. L’image à laquelle Nadj fait appel en l’occurrence est celle de l’eau qui n’a pas de forme propre, mais épouse celle de ce qui la contient.
Josef Nadj s’appuiera sur le Yi King à un double niveau : structurel et poétique. En effet, il conçoit cette nouvelle pièce comme une trame (signification du mot King) dont chaque noeud correspondrait à l’un des soixante-quatre hexagrammes. À cela s’ajoute l’idée que chacun d’entre nous, et plus largement chaque être, animé ou inanimé, est également un noeud dans une trame. Somme d’expériences et de transformations successives, soumis à un réseau d’influences complexes qui agissent sur lui et le modifient parfois en profondeur, il est à son tour et simultanément capable d’exercer son influence, d’agir sur lui-même comme d’interagir sur le monde et les êtres qui l’entourent.
Par ailleurs, Nadj s’inspirera du texte des commentaires relatifs à chaque hexagramme pour imaginer, « pour déduire par pure intuition », soixante-quatre micro-événements de durée et de nature extrêmement variables : leur composition respective pourra aussi bien être ramenée à un unique son, une image, qu’être développée en une séquence complexe. L’enchaînement de ces événements constituera la dramaturgie du spectacle. Envisagée comme le tissage d’un filet, elle se dégagera au fil des répétitions.
Cette pièce réunira un double quatuor, c’est-à-dire quatre danseurs pour quatre musiciens. Composée en parallèle à la partition chorégraphique, la musique d’Akosh Szelevényi en sera, littéralement, le coeur puisque les instrumentistes seront placés cette fois au centre du dispositif et affirmeront ainsi leur présence sur scène.
Le projet d’Entracte
Dans ce projet, il y a d’abord la volonté commune de « changer d’axe », de sortir des modes de relations conventionnels entre danse et musique, pour tenter d’atteindre un plus grand degré d’osmose, une réelle imbrication. « Je ne veux pas, dit Nadj, que la musique “s’aligne”, mais qu’elle participe d’emblée à la matière de l’événement. » Cette position de principe a des incidences immédiates sur le processus même de création de la pièce : il ne s’agira plus, comme c’est habituellement le cas, de travailler séparément ou en parallèle, mais de réunir de bout en bout dans un même espace de travail et de création la musique et la danse, les musiciens et les danseurs. D’élaborer la chorégraphie dans et avec la présence physique constante des musiciens et de leurs instruments. Et réciproquement, d’inscrire dans la recherche même du tissu sonore, musical, la présence active des corps des danseurs.
Pour donner toutes ses chances à ce travail commun de recherche et de confrontation, de frottement et d’exploration, d’actions et de réactions, Josef Nadj a prévu de le laisser se développer sur plusieurs mois, afin de le dégager autant que possible des contraintes de production, et notamment du caractère d’urgence qui a marqué ses expériences précédentes avec Akosh Szelevényi.
Cependant, pour tous deux, la qualité propre à l’improvisation, avec ce qu’elle suppose de liberté, d’invention, de découverte, mais aussi d’écoute et d’ouverture à l’autre, est essentielle. (Nadj souligne à ce propos la dimension clairement dramatique de l’improvisation musicale.)
Cela signifie qu’indépendamment de la durée du processus de création, qu’au-delà de la part prise par l’improvisation pendant, c’est-à-dire dans la conception de la pièce et de l’ensemble de ses composantes – chorégraphiques, musicales, dramatiques, plastiques –, celle-ci interviendra encore à l’issue de ce processus, dans la pièce aboutie.
Cet attachement à l’improvisation, Akosh Szelevényi le met aussi en relation avec un aspect de sa pratique qui consiste, en particulier dans ses duos avec Gildas Etevenard, à se déplacer, à expérimenter constamment, y compris avec des instruments nouveaux, comme le gamelan ou l’harmonium pour lui, la trompette ou le gardon pour Gildas Etevenard. Ce qu’il traduit encore par la volonté de mettre en avant une part de « non maîtrise » – une conception de l’art qu’il partage avec Josef Nadj.
Josef Nadj et la musique. Rencontre avec Akosh Szelevényi.
Peut-être faut-il d’abord rappeler l’importance de la musique pour Josef Nadj : le rôle qu’elle a joué dans sa formation ; la place, déterminante, qu’il lui a toujours ménagée dans son oeuvre scénique ; ses collaborations, pour certaines au long cours, avec des musiciens auxquels il « commande » pour ses pièces des compositions originales, parfois interprétées sur scène (c’est le cas de La Mort de l’Empereur, Les Philosophes, Asobu ou Paysage après l’orage)… Quant à la couleur de ses choix musicaux, y entrent pour une part les musiques traditionnelles, dans toute leur diversité, mais surtout le jazz et les musiques improvisées.
Sa rencontre avec Akosh Szelevényi, musicien originaire de la même région que lui, relève donc d’une sorte d’évidence. Et elle donnera lieu, après plusieurs années d’échanges et d’observation, d’approche réciproques, à une première collaboration en 2003, lorsque Le Volcan, Scène Nationale du Havre, donne carte blanche à Josef Nadj pour l’organisation d’une « Nuit hongroise » : il invite alors Akosh Szelevényi à y participer, c’est-à-dire à intervenir dans la première partie, exclusivement musicale, mais aussi à composer la musique de la performance chorégraphique et musicale qui constitue la seconde partie de cette soirée – une performance préparée en sept jours, qui pose les jalons d’Eden, pièce créée l’année suivante.
En 2006, Josef Nadj est l’artiste associé du festival d’Avignon : il inscrit notamment dans la programmation du Festival un certain nombre de concerts – Phil Minton et Sophie Agnel ; György Szabados ; Archie Shepp, Tom McLung et le Mihály Dresch Quartet ; ainsi qu’Akosh Szelevényi en duo avec Gildas Etevenard, puis en trio avec Joëlle Léandre et Szilárd Mezei. Par ailleurs, Nadj fait appel à Akosh Szelevényi et Szilárd Mezei pour composer et interpréter, en compagnie du batteur Gildas Etevenard et du contrebassiste Ervin Malina, la musique d’Asobu, sa propre création pour la Cour d’Honneur du Palais des Papes.
Enfin, en décembre de la même année, c’est à nouveau avec Akosh Szelevényi et Gildas Etevenard que Josef Nadj monte Paysage après l’orage, nouvelle version de Last Landscape (2005) pour un danseur et deux musiciens.
Pour Akosh – qui, lors de collaborations antérieures avec le metteur en scène François Cervantes, avait déjà pu appréhender les effets de la confrontation directe entre la musique et la présence d’un corps sur le plateau –, toutes ces expériences ont été comme des étapes préparatoires à la concrétisation d’un projet déjà ancien pour Nadj. Un projet qui lui permette d’aller au plus près de la musique et de mettre en jeu sa conception musicale du mouvement.
La musique d’Entracte
Avec Entracte, il ne s’agira pas pour Akosh Szelevényi de définir un style, une forme, ni de composer a priori des mélodies, mais avant tout de travailler et de composer en concordance avec la proposition scénique de Nadj, c’est-à-dire de revenir à la dimension concrète, physique, du son. Autrement dit, de rechercher (ou retrouver) des liens organiques entre la musique et les éléments ou phénomènes physiques, de faire en sorte que la musique reflète ou véhicule ces éléments ou phénomènes. Ce qui suppose, précise Akosh, d’être prêt à sortir des catégories et des structures, des fonctionnements habituels (note / instrument / composition) « pour rester perméable à ce qui nous entoure ».
C’est pourquoi, si, à ce stade, l’instrumentation n’est pas arrêtée (et si l’invention, la réalisation d’instruments n’est pas exclue), elle se limitera aux instruments acoustiques, souvent traditionnels voire ancestraux, c’est-à-dire « naturels ».
Myriam Bloedé
Dates passées :
5 mars 2010
L’Espal
Le Mans (FR)
9-10 février 2010
Théâtre de l’Agora
Evry (FR)
2 février 2010
Théâtre des Salins
Martigues (FR)
30 janvier 2010
L’Opéra de Dijon
Dijon (FR)
12 janvier 2010
Centre culturel Le Rive Gauche
Saint Etienne de Rouvray (FR)
18-20 novembre 2009
Théâtre National
Bordeaux (FR)
20 octobre 2009
Moulin du Roc
Niort (FR)
20 juin 2009
CNCDC
Châteauvallon (FR)
11 juin 2009
Le Granit
Belfort (FR)
26-27 mai 2009
MC2
Grenoble (FR)
6 mai 2009
Le Manège
Maubeuge (FR)
29 avril 2009
L’Arsenal
Metz (FR)
9 avril 2009
La Filature
Mulhouse (FR)
3 avril 2009
Comédie de Valence
Valence (FR)
18-20 mars 2009
Opéra
Lille (FR)
26-27 février 2009
Théâtre de Cavaillon
Cavaillon (FR)
10-14 février 2009
Théâtre de la Ville
Paris (FR)
3-4 février 2009
Théâtre de Caen
Caen (FR)
21-23 janvier 2009
Le Toboggan
Décines (FR)
16-17 janvier 2009
Espace Malraux
Chambéry (FR)
13 janvier 2009
Cultuurcentrum
Bruges (BE)
9 décembre 2008
Maison de la culture
Bourges (FR)
20 novembre 2008
Comédie de Clermont-Ferrand
Clermont-Ferrand (FR)
13 novembre 2008
Maison de la culture
Nevers (FR)
4-5 novembre 2008
Festival Euro-Scene
Leipzig (DE)
21 octobre 2008
Théâtre de Warande
Turnhout (BE)
15 octobre 2008
Festival Bemus/ Yougoconcert
Belgrade (SER)
10-12 octobre 2008
Trafó
Budapest (HUN)
1-2 octobre 2008
Cultural Foundation Territory
Moscou (RU)
1-2 juillet 2008
Associazione Teatrale Emilia Romagna
Turin (IT)
29 avril 2008
L’Estive, Scène nationale
Foix (FR)
10-12 avril 2008
Théâtre de Garonne
Toulouse (FR)
4 avril 2008
Le Parvis
Tarbes (FR)
1er avril 2008
Théâtre de Dracénie
Draguignan (FR)